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nous tenons pour chassés de l’Église »)[1], ce mariage civil, dis-je, devait déplaire à la pieuse Mme F. Buloz, si traditionaliste, et quoique George ne lui soufflât mot de ces scrupules de libre pensée, Mme F. Buloz apprit que ce mariage n’avait pas été célébré à l’église. Aussi, le 20 mai, dans une lettre qu’elle écrit à George, elle s’étonne :

« On m’a dit que Maurice était marié ; êtes-vous à Nohant, êtes-vous venus à Paris pour la cérémonie, et vous tenez-vous sous un triple voile pour éviter les manifestations ? Voilà ce que je ne sais pas, et ce que je voudrais savoir…

« Je suis bien aise que cette grosse affaire soit faite et que vous restiez dans votre calme habituel ; je vois autour de moi des gens qui se marient et qui ont l’air si assommés de leurs préliminaires, que je me figure que pour vous le tracas n’est pas moindre, et que vous avez le visage et l’esprit à l’envers, comme M. Saint-Marc Girardin, chez qui nous allâmes hier signer au contrat de sa fille. Louise se marie jeudi, une autre amie le 30 ; une fois ces deux couples emballés, nous partons pour Ronjoux, où Buloz nous pousse par les épaules[2]. »

Mme F. Buloz n’insiste pas davantage sur la question du mariage de Maurice ; elle est d’ailleurs sur le point de quitter Paris avec sa fille ; elle s’en plaint : « Plus que jamais la solitude exaspère Marie, qui cependant n’aime ni le monde, ni les cohues ; » mais « elle a besoin de cette distraction journalière, que lui amène la visite de quelques amis, la présence de ses frères, toutes choses qu’elle ne trouve pas au milieu de notre chartreuse. »

Louis Buloz se plaint à George des répugnances de sa sœur pour la campagne : « Marie ne prend de goût à rien, elle va jusqu’à trouver que les jasmins sentent la pommade. C’est une étrange fillette[3] Sibylle parut dans la Revue des 15 août, 1er et 15 septembre, 15 octobre 1883. </ref>. »


« MADEMOISELLE LA QUINTINIE »

Vers cette époque, Octave Feuillet écrivait son roman de Sibylle[4] et confiait à F. Buloz : « Je m’étais posé un problème

  1. G. Sand, Correspondance, 11 mai 1862.
  2. Inédite.
  3. Collection S. de Lovenjoul, 20 juin 1862, f. 38, inédite.
  4. Sibylle parut dans la Revue des 15 août, 1er et 15 septembre, 15 octobre 1863.