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12 août, avec deux lignes de tranchées sur toute son étendue et 48 batteries de position.

Les officiers de la mission française, sous la direction du général Henrys, se multiplient dans les conditions matérielles les plus difficiles pour rétablir et maintenir les liaisons indispensables à toute manœuvre concertée. Bien que la qualité de belligérants ne leur soit pas reconnue, ils n’hésitent pas, quels que soient les risques, à donner, jusque sur la ligne de feu, la mesure de leur expérience et l’exemple de leurs vertus militaires.

A l’intérieur, la mise en œuvre des ressources du territoire est poursuivie avec la même vigueur par le vice-ministre de la Guerre, le général Sosnkowski, dont l’activité et l’esprit de réalisation triomphent des plus grandes difficultés. 40 000 volontaires ont grossi les ressources des dépôts. Malgré la pénurie de l’armement et de l’équipement, 25 000 combattants ont rejoint les armées dès le 10 août. L’effectif des renforts sera porté, dans le courant du mois, à 145 000 hommes, correspondant notamment à la mise sur pied de plus de 300 compagnies de marche et de 8 régiments de cavalerie. Toute l’artillerie perdue pendant la retraite est remplacée au moyen des réserves de matériel français.

Grâce à cet effort, l’armée polonaise va trouver sur la Vistule les moyens de se ressaisir et de reprendre l’initiative des opérations. C’est le 6 août, après la chute d’Ostrov et la perte du Bug au Nord de Brest-Litowsk, que le Haut-Commandement polonais, jugeant irréalisable le rétablissement sur la ligne du Bug, a pris la résolution de reporter la bataille décisive sur la Vistule. Avec une décision et une netteté remarquables, il en a, le jour même, fixé définitivement le plan.


Ce plan consiste à arrêter l’ennemi de front sur la Vistule, entre Deblin et l’extrémité Nord du camp retranché de Varsovie-Modlin, en contenant son mouvement débordant par le Nord ; puis, — avec une masse de manœuvre formée derrière le Wieprz [1] par le regroupement de divisions du front dont une marche rapide doit faire perdre le contact à l’ennemi, — à contre-attaquer droit au Nord, en prenant en flanc les armées rouges engagées sur la Vistule pour les couper de leurs lignes de

  1. Affluent de droite de la Vistule.