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Les mesures à prendre étaient, sans retard, étudiées de concert : il était décidé d’activer par tous les moyens l’arrivée du matériel de guerre français par Dantzig, seule voie utilisable ; de faire, à tous les échelons du commandement polonais, le plus large emploi des officiers de la nombreuse Mission militaire française. En outre, d’accord avec le Gouvernement polonais et le maréchal Pilsudski chef de l’État, le général Weygand était placé auprès du général Rozwadowski, chef d’Etat-major général de l’armée polonaise, pour collaborer avec lui à la préparation et à la direction des opérations. Il mettait aussitôt sans réserve au service de la Pologne son activité et les ressources d’une expérience acquise auprès du maréchal Foch sur les fronts occidentaux.

Aux armées, les défaillances sont redressées ; des sanctions énergiques raffermissent le commandement et raniment l’esprit combatif de la troupe ; les chefs fatigués ou ayant perdu la foi dans le succès sont remplacés. Grâce à la résistance ordonnée sur la Narev et sur le Bug, les unités commencent à se ressaisir, à arrêter l’ennemi et même à le contre-attaquer. Les mouvements vers la Vistule s’exécutent avec méthode.

L’afflux vers le front des nombreux détachements de volontaires recrutés dans la classe éclairée ranime dans l’armée le souffle vivifiant du patriotisme. Le général Joseph Haller, l’organisateur et le chef de l’armée polonaise formée en France, le plus ardent promoteur des engagements volontaires, est appelé au commandement du groupe d’armées du Nord, et, sous l’impulsion de ce chef énergique et enthousiaste, les troupes qu’il commande reprennent conscience de leurs devoirs.

Des réserves se constituent peu à peu. L’État-major polonais, renonçant à poursuivre en Galicie des succès illusoires sur un théâtre secondaire, va rappeler du front Sud des forces importantes. Des ordres précis fixent aux différentes unités leurs missions ; le contrôle de l’exécution est assuré par le commandement aux divers échelons.

Une position d’arrêt est organisée en hâte sur la Vistule, englobant dans un vaste camp retranché Varsovie et Modlin. Les bataillons formés à l’intérieur y sont portés pour en constituer les garnisons de sûreté ; ils y exécutent les travaux les plus urgents concurremment avec des travailleurs réquisitionnés en masse. La position est ainsi mise en état de défense pour le