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par le Traité de Versailles, les organisations militaires, naguère expulsées de la Baltique, se réveillent et préludent à leur rentrée en scène par l’envoi de volontaires, d’armes et de munitions aux forces rouges. En Silésie, les spartakistes s’agitent et les attentats de Kattovitz et de Breslau sont les signes révélateurs du plan concerté pour prendre la Pologne à revers.

Ainsi attaquée et envahie sur la moitié de son territoire par des forces ennemies supérieures en nombre et exaltées par leurs succès, entourée d’ennemis ou de neutres malveillants, presque isolée complètement de ses alliés, la Pologne semble condamnée. Déjà les dépêches de Moscou annoncent sa fin imminente. Un gouvernement communiste constitué à Wyszkow est prêt à se substituer au gouvernement de Varsovie.


II

L’heure était donc venue pour la Pologne de donner son effort suprême. Elle ne devait pas y faillir.

Le 23 juillet était arrivée à Varsovie une mission diplomatique et militaire envoyée par les gouvernements britannique et français pour se rendre compte sur place des moyens propres à lui venir le plus utilement en aide. Cette mission comprenait pour la Grande-Bretagne, Lord d’Abernon, ambassadeur à Berlin, le général Badcliffe du War Office, Sir Maurice Hankey, secrétaire du Cabinet britannique ; pour la France, M. Jusserand, ambassadeur à Washington, le général Weygand, chef d’État-major du maréchal Foch, et M. Vignon, conseiller d’ambassade, attaché au Cabinet du Président du Conseil.

L’appui direct de forces alliées ne pouvant être envisagé, la mission n’apportait qu’un réconfort moral et la promesse d’un concours matériel. Le salut de la Pologne dépendrait donc d’elle-même, et l’aide offerte ne vaudrait que dans la mesure où la nation polonaise saurait tendre tous les ressorts de son énergie et mettre en œuvre ses propres ressources.

C’est bien dans ces sentiments et ces nobles résolutions que la mission trouvait le Gouvernement polonais, fermement résolu à continuer la lutte, même si la capitale venait à tomber, et à défendre à tout prix et jusqu’au bout l’existence de la Patrie renaissante,