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polonais et déconcertent ses jeunes troupes [1]. Celles-ci, constamment devancées sur leurs positions de repli et prises à revers, se démoralisent et finissent par céder devant la simple menace du mouvement débordant que leur signale à distance la haute poussière des colonnes Cosaques. Une large brèche s’ouvre ainsi dans leur front, Kiev est abandonné et la retraite se précipite jusqu’à la ligne de départ de l’offensive du 25 avril.

Ayant ainsi ébranlé successivement les armées polonaises au Nord et au Sud du Pripet et usé leurs réserves, le commandement bolchéviste, qui, grâce à la supériorité de ses ressources, a pu néanmoins poursuivre ses concentrations dans la région de Smolensk, ne laisse aucun répit à son adversaire. Il déclenche en direction de Minsk et de Vilna l’offensive puissante de son groupe d’armées du Nord, porté à vingt divisions et placé sous les ordres du général Tukachevski. Dans les conseils du Kremlin, le plan de Trotski a prévalu : ce n’est que sur les cendres de la bourgeoisie et de la noblesse polonaises que sera établie une paix solide. La Pologne n’est que le mercenaire de l’Entente capitaliste. Vaincre la Pologne, ce sera remporter une première victoire sur l’Europe bourgeoise d’Occident, C’est donc à Varsovie que doit être frappé le coup décisif.


L’attaque du groupe d’armées Tukachevski commence le 4 juillet. Dès le premier jour, l’aile gauche polonaise est débordée sur son flanc Nord par la cavalerie bolchéviste, et le commandant polonais décide de la reporter à 65 kilomètres en arrière sur la ligne Postavy-Borisov. Mais il ne peut rester maître du mouvement de retraite ainsi commencé. Cette retraite se change bientôt en déroute dans la plupart des unités. Les lignes successives fixées pour la résistance sont abandonnées sans défense. Les armées rouges entrent le 15 juillet à Vilna, le 20 à Grodno, le 29 à Bialystock et à Ossoviets. La défaillance de l’aile gauche polonaise, découvrant les armées qui combattent à sa droite, entraîne parallèlement leur retraite et l’abandon successif de la transversale Molodetchno-Minsk (15 juillet) puis de la voie ferrée de rocade Lida-Baranovitchi (20 juillet).

Dans les premiers jours d’août, le commandement polonais

  1. Les troupes polonaises opposées à la cavalerie de Budieny étaient en majeure partie composées de recrues.