Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 62.djvu/897

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA POLOGNE SAUVÉE
ET
TOUJOURS MENACÉE

Au milieu du mois d’août dernier, la marée montante de l’armée bolchéviste atteignait la Vistule et enserrait la capitale polonaise ; le Gouvernement polonais envisageait son exode vers Posen ou Cracovie, et la fausse nouvelle, lancée d’Allemagne, de l’occupation des faubourgs de Varsovie, trouvait déjà créance dans certaines capitales de l’Europe occidentale.

Le 16 août, tandis que les gouvernements alliés se concertaient encore sur les moyens de sauver l’existence de la nouvelle Pologne restaurée par leurs soins, l’armée polonaise, par un brusque redressement, renversait les espoirs prématurés de ses ennemis, et, en quelques jours, faisait surgir d’une situation presque désespérée une victoire éclatante et complète.

Mais le Gouvernement des Soviets ne devait pas rester sur cet échec : pour relever son prestige ébranlé et ranimer l’ardeur combative des armées rouges, il les conduisait dès octobre à des succès faciles contre l’armée Wrangel et chassait de son territoire les derniers contingents anti-bolchévistes. Libéré de toute menace militaire à l’intérieur, il a pu, dès lors, reporter ses forces vers les frontières de l’Ouest, et de nouveaux nuages assombrissent aujourd’hui l’horizon de la Pologne et de l’Europe orientale.

Dans les lignes qui vont suivre, on se propose de rappeler les circonstances qui ont précédé la crise où la Pologne a failli succomber, d’exposer les opérations militaires qui l’ont dénouée.