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F. Buloz : « Je vous demande la permission de laisser… le mot navré pour la forêt. C’est une de ces expressions qui sentent l’individualité et, d’ailleurs, celle-ci est bonne. Vous invoquiez l’autre jour l’étymologie, celle-ci est parfaitement synonyme de blessée — et terrassée. — Mais pourquoi la Revue s’obstine-t-elle à imprimer gaieté quand tout ce qui est jeune écrit gaîté. Je demande qu’on me laisse cette orthographe, une fois pour toutes, je veux être jeune en dépit de la Revue. »

Et F. Buloz : « Vous avez bien raison de vouloir toujours rester jeune. C’est que vous l’êtes en effet, ma chère fée ! vous vous renouvelez sans cesse. »

Répondant à une critique de F. Buloz sur l’Empire, George écrivait au début de janvier : « Je ne comprends pas vos libéraux. C’est donc pour eux la question de personnes et de noms propres, car Nap… est tout aussi, si non plus avancé qu’eux tous. » Il y a longtemps qu’elle a mis les noms propres de côté, car elle a reconnu qu’il n’y avait plus qu’à se brûler la cervelle, si on « cherchait noise aux hommes qui ont de bonnes idées ou de bons sentiments, sous quelque bannière qu’ils soient ou paraissent placés. La Revue ne s’est pas gênée pour exprimer ses vives sympathies à l’égard des fils de Louis-Philippe. Pourquoi ? Mais aussi pourquoi pas des égards et de l’équité pour le neveu de Napoléon, surtout s’il est beaucoup plus ami de la liberté que tous les autres ?

« Moi, je vous dis que c’est un homme d’élite, et que sa place sera belle un jour, si nous cherchons la logique du progrès[1]. »

George, qui, actuellement, est gouvernementale, s’attire cette réponse : « Soyons libéraux, démocrates, si vous voulez… Me croyez-vous insensible à la situation des pauvres gens qui souffrent ? Si vous saviez combien j’ai fait de remontrances autrefois, et combien j’ai dit de vérités à ces prétendus libéraux que nous avons vus ! — Mais l’empire d’un seul, c’est bien pesant ; votre ami, le Prince, ne me l’a pas caché… Cependant les Princes sont toujours très libéraux, très démocratiques même, avant d’arriver au pouvoir, voilà pourquoi je demande… des institutions sans trop me soucier des dynasties royales ou impériales. Qu’est-ce que cela nous fait, à nous autres plébéiens, si nous sommes libres et sans privilèges ? Tel n’est pas le cas

  1. 10 janvier 1862, inédite.