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« Salons »[1]. C’est ce que George appelait « ne pas admettre About. »

Mais elle continue : « La Revue a nié Balzac, A. Dumas, a insulté V. Hugo, et elle-même… ; » elle ne se connaît plus : « Qu’est-ce qui gouverne la Revue, est-ce Buloz ? — il n’a lu ni Raoul (autre roman de Maurice), ni le Coq aux cheveux d’or. Eh bien ! je vous le dis, Raoul… est un chef-d’œuvre et qui vaut dix mille fois mieux que le meilleur roman de Cherbuliez, » et quant au Coq, « c’est un bijou, » — elle n’a plus le cœur à rien, elle va jeter son propre roman au feu, elle ne travaillera plus que pour le théâtre, et Maurice avec elle : « Adieu à la Revue. » Mais « pas à vous, mon ami, qui avez été très bon pour moi. » Cependant « vous ne menez plus la barque. Vous ne voyez plus clair… Maurice a un talent immense… il a plus : il a du génie. Maurice prendra sa revanche. Que les gens qui ne veulent pas de nous à la Revue nous remplacent[2]… »

Pourquoi George, — qui paraît d’ordinaire tenir si peu à la Revue, et fait si volontiers sentir à son directeur le bon accueil qu’elle recevrait autre part, — ressent-elle si vivement un refus, qui ouvre à Maurice toute la presse ? Mais c’est la Revue précisément qu’elle souhaite pour Maurice aujourd’hui. À Mme F. Buloz, qui se propose de venir la voir, elle écrit le lendemain : « Ma chère amie, ne venez pas. Je suis blessée et outragée à n’en jamais revenir. » Cependant F. Buloz, à Ronjoux s’étonne de la lettre de George. Acceptera-t-il donc toujours ses

  1. J’ai d’ailleurs sous les yeux une lettre d’About, répondant aux demandes du directeur de la Revue : elle est significative… « Votre dernière lettre semblait me reprocher amicalement les quelques articles que j’ai publiés hors de la Revue en 1867. J’avoue qu’il y a eu un certain nombre de travaux dispersés cette année. Soyez bien persuadé que ce n’est pas pour le plaisir d’être partout à la fois que j’ai ainsi éparpillé ma prose. Pour le Salon… je ne rêve rien temps (sic) que d’en faire la critique chez vous… j’aime la critique d’art, et le malheur a voulu que je fusse toujours un juif errant. S’il est vrai que Du Camp se proposât d’abandonner la partie, comme il a paru me l’indiquer cet été, je serais très heureux de prendre sa place, et je suis assez dégagé des camaraderies de jeunesse pour offrir quelques garanties d’impartialité. Nous causerons de tout cela à mon retour, si bon vous semble… »
    Cette lettre doit être de la fin de 1867. La Revue publiait alors Les Mariages de province, et About annonçait : « Il est dans mes combinaisons et dans mes facultés de vous donner à la file un certain nombre de nouvelles mesurant un ou deux numéros chaque, en attendant le fameux Gil Blas qui veut encore être ruminé. (Inédite.)
  2. 23 octobre 1865, inédite.