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grand besoin d’un succès, « il n’aime que le théâtre et il n’a vécu que de succès. Avec cela, il est hypocondriaque. » Que lui dire à présent qu’elle est, dans la Revue, couronnée à son détriment ? Elle confie à Louis Buloz : « J’ai eu envie de répondre dans la Revue à Montégut, et de lui dire qu’il était injuste, mais c’eût été bien ingrat, et on m’a dit que personne ne croirait à ma sincérité[1].


ENCORE LES TRAITÉS

Pendant la publication de Mlle La Quintinie, en avril 1863, George Sand songeait encore à tirer un second roman de la même veine : Le roman du prêtre… « Il y a, certes, quelque chose d’équitable et de bon à faire avec le sujet, écrivait-elle à son directeur : Un prêtre, encore dans la force de l’âge et de l’intelligence, ouvre les yeux, il veut rentrer dans la société, dans la vie, dans la famille, peut-être ? Et la société civile ne veut pas plus que l’Église. Cet homme a eu certaines vertus que la politique, la discipline religieuse donne, et que n’ont pas ceux qui ne croient pas. C’est une chose certaine qu’il ne faut pas laisser invoquer contre nous, sans avoir à montrer que certains vices de l’intelligence, contractés sous le poids de cette même discipline, sont funestes, et qu’il faut une autre philosophie catholique. Nous arriverons ainsi avec adresse au fond de la question.

« Qu’est-ce que vous en diriez ? Si on nous laisse aller jusqu’au bout de Mlle La Quintinie, et que, malgré les colères sur le point d’éclater, nous sentons que nous pouvons aller encore, pourquoi ne le ferions-nous pas[2] ? »

Le projet fut abandonné. F. Buloz alors le déconseilla : « Encore un roman sur les prêtres ? C’était trop. » George n’en parla plus. Mais, trois ans plus tard, reprochant à son directeur « l’esclavage » dans lequel la maintiennent ses contrats avec la Revue, elle l’entretient à nouveau du Roman d’un prêtre : c’est pour elle un excellent prétexte ; à vrai dire, elle est lasse de ses traités, elle voudrait les annuler, ou tout au moins en supprimer les clauses gênantes. Pourtant, ils furent faits spécialement à sa convenance. Il y a deux ans à peine, F. Buloz ne lui accorda-t-il

  1. Idem.
  2. Collection S. de Lovenjoul, 12 avril 1863, F. 167, inédite.