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lorsque vous dites avec raison que la petite critique seule conteste Rubens et Rembrandt ? Or Planche, que tout le monde oublie beaucoup trop, a fait de très beaux articles avant de mourir, sur ces rois de la peinture… »

On le voit, F. Buloz était fidèle à Planche. Et Montégut ? Pourquoi George ne l’a-t-elle pas remercié, en effet, de l’article enthousiaste que Montégut a écrit à la Revue sur le Marquis de Villemer ?


LA PREMIÈRE DU MARQUIS DE VILLEMER

Pourquoi ? Parce que Montégut a eu la malencontreuse idée d’opposer le succès retentissant de Villemer à la demi-réussite de l’Ami des femmes, qu’il a loué la première pièce, et dénigré la seconde. Il est curieux de lire actuellement l’article de Montégut sur l’Ami des femmes, et sans doute, en 1864, les surprises du critique furent vives. Le personnage de Ryons le choque ; il le trouve mal appris, cet homme, sans gêne, grossier même dans son dogmatisme, et, somme toute, peu homme du monde. Quelle manie il a, en outre, de donner des leçons à chacune des femmes de la pièce : Mme Leverdet, Mme de Simerose. Mlle Hackendorff, la petite Balbine elle-même ; l’une après l’autre reçoit son sermon ! Oui, mais quels sermons ! Jamais Dumas n’a été plus spirituel. — Non, Montégut n’apprécie pas assez cet esprit de Dumas… et George, qui est tendrement attachée à celui-ci, est blessée ; elle ne peut se féliciter des louanges dont Montégut la comble, puisqu’en même temps que ces louanges, Alexandre Dumas, lui, ne reçoit que des critiques acerbes.

George prétend que le succès de Villemer n’est dû à « aucune cabale. » « Cependant les étudiants, reconnaît l’auteur non sans satisfaction, criaient : « Vive George Sand ! Vive Mlle La Quintinie ! À bas les cléricaux ! » et, devant le Club catholique, six mille personnes chantaient en fausset : « Esprit saint, descendez en nous. » Notez que ces manifestations, venant après celles qui avaient fait tomber la Gaëtana d’About, prenaient bien l’allure d’une réplique. Aux entr’actes, les étudiants (toujours) chantaient : « Enfoncés les Jésuites 1 Hommes [1]

  1. Correspondance de G. Sand, 1er mars 1864.