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d’heures après le départ : « Je suis très content de Mardochée. Il n’a qu’un défaut, c’est une prudence excessive. »

Le 24 juin, ayant déjà voyagé quelques jours en pays marocain, il écrit à sa sœur : « Je suis assez content de Mardochée ; il va bien, mais à condition qu’on le secoue vigoureusement. Je suis obligé, presque tous les jours, de lui donner une bonne enlevée. Je viens de faire l’emplette d’un chapeau de paille qui t’amuserait bien si tu le voyais ; il a quatre-vingts centimètres de diamètre. Tout le monde, mais surtout les femmes mauresques, porte ici de ces chapeaux. » Le 2 juillet : « Je ne suis pas trop content de Mardochée. Il est paresseux et poltron, il n’est bon que pour la cuisine. » Le 23 juillet : « Quant à Mardochée, je n’en suis pas content : c’est le plus paresseux animal qu’on puisse rencontrer. Avec cela poltron au delà de toute expression, maladroit, et ne sachant pas du tout voyager. »

Enfin le 30 janvier 1884, il écrira : « Mardochée est une brute. »

Ce n’est que tout à la fin qu’un peu de commisération, ainsi qu’on vient de le voir, ramène les formules vers l’indulgence et l’excuse. Le voyage terminé, la route s’embellit, le compagnon aussi.