Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 62.djvu/812

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

saintes, et en outre par des hommes savants dans les choses religieuses, sachant rendre raison de leurs croyances, et inspirant aux jeunes gens une ferme confiance dans la vérité de leur foi. »

Ce collégien sortit du lycée bachelier, comme les autres, curieux de tout, décidé à jouir, et triste. M. de Morlet eût désiré que son petit-fils entrât à l’École polytechnique. Mais Charles avait opté pour la vie facile. Il déclara, avec cette franchise qui fut un des traits sans changement de sa vie morale, qu’il préferait entrer à l’école de Saint-Cyr, parce que le concours exigeait moins de travail. Et il partit pour Paris.

Lui-même, il s’est peint, de souvenir, tel qu’il était à l’époque où il suivait les cours préparatoires de l’école Sainte-Geneviève.

« A dix-sept ans, je commençais ma deuxième année de rue des Postes. Jamais je crois n’avoir été dans un si lamentable état d’esprit. J’ai, d’une certaine manière, fait plus de mal en d’autres temps, mais quelque bien avait poussé alors à côté du mal ; à dix-sept ans, j’étais tout égoïsme, tout vanité, tout impiété, tout désir du mal, j’étais comme affolé... Quant au degré de paresse, à la rue des Postes, il a été tel qu’on ne m’y a pas gardé, et je vous ai dit que j’avais regardé, malgré les formes mises pour ne pas affliger mon grand-père, mon départ comme un renvoi, renvoi dont la paresse n’était pas la seule cause... J’ai été si libre si jeune ! Ce que je veux dire surtout, c’est que pour moi et pour bien d’autres, l’âge de X... a été la plus mauvaise période... A dix-sept ans, j’ai tant fait souffrir mon pauvre grand-père : refusant le travail au point qu’au mois de février, je crois, je n’avais pas encore coupé la géométrie dans laquelle je devais étudier chaque jour, depuis novembre ; lui écrivant à peu près tous les deux jours, et quelquefois des lettres de 40 pages, pour lui demander de me rappeler à Nancy, et tout le reste que vous pouvez deviner, et qui résulte d’un tel affolement... »

« De foi, il n’en restait pas trace dans mon âme. » Ailleurs il dira et répétera que, pendant treize années, il n’a pas cru en Dieu.

La confession est nette, si elle n’est pas développée. Elle appelle, me semble-t-il, une observation, et elle pose un problème.

Il n’est pas douteux que la foi à l’Église, et à la morale chrétienne,