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Jeanne d’Arc. Dans plusieurs lettres, Henri IV appelle Jean III de Foucauld « son bien et bon assuré amy ; » pour mieux lui dire encore son amitié, il le nomme gouverneur du comté de Périgord et vicomte de Limoges : « Je puis vous assurer, monsieur de Lardimalie, lui écrit-il, que j’ai en estime vous et votre vertu, et que j’ai autant de contentement de vous que vous sauriez le désirer. » Bel autographe, qui valait un gouvernement, et devait durer davantage.

D’autres Foucauld, en nombre, au cours du temps, s’étaient fait tuer à la tête de leur compagnie ou de leur régiment, en France, en Italie, en Espagne ou dans les Allemagnes : toujours au service de France. Mais l’une de ses plus belles gloires est venue, à cette famille, d’Armand de Foucauld de Pontbriand, chanoine de Meaux, grand-vicaire de son cousin Jean-Marie du Lau, archevêque-prince d’Arles. C’était un homme d’une charité fort grande, qui distribuait aux pauvres la plus large part de son revenu, et « ne fréquentait que son église et les hôpitaux. » Or ces revenus étaient considérables, non qu’il les eût reçus d’héritage, lui, fils d’un cadet et cinquième de onze enfants : mais il avait été pourvu, par le Roi, deux ans avant la Révolution, de la commende de l’abbaye de Solignac, en Limousin.

En 1790, l’archevêque d’Arles adressa à son clergé la célèbre Exposition des principes de la Constitution civile du clergé, document où la tentative de schisme, décidée par les hommes de la Révolution, était dénoncée, et que signaient cent vingt-neuf évêques de France, défenseurs de la foi catholique, apostolique et romaine. Le Chapitre d’Arles répondit par une adresse de la plus ferme doctrine, et au bas de laquelle on trouve, parmi celles des autres chanoines, la signature d’Armand de Foucauld. Devenus suspects par leur attachement à l’Église, les prêtres réfractaires furent bientôt condamnés à la déportation par le décret du 26 mai 1792. M. de Foucauld partit alors d’Arles, pour rejoindre, à Paris, Mgr du Lau, qui avait dit : « On veut faire entrer le schisme et l’hérésie dans l’intérieur de l’Eglise ; il ne reste plus qu’à mourir. » C’était se dévouer lui-même à la mort. Le 11 août, il fut arrêté, avec son évêque, et conduit dans l’église confisquée des Carmes, où se trouvaient déjà enfermés de nombreux prêtres. Beaucoup de ces confesseurs de la foi allaient devenir martyrs. Ils le savaient.