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BOLCHÉVISTES DE HONGRIE

II [1]
MICHEL KAROLYI ET BELA KUN


I. — UN MAGNAT AMBITIEUX

Le comte Tisza rappelait volontiers qu’il tirait ses origines de cette petite noblesse sans titre, qui constitue le fonds de l’aristocratie magyare. Le comte Michel Karolyi s’enorgueillit, au contraire, d’appartenir à la plus vieille noblesse titrée de la Hongrie. Un de ses ancêtres s’est battu aux côtés de Rakoczi II, prince de Transylvanie, allié de Louis XIV dans sa lutte contre les Habsbourg. Lorsque le Grand Roi fit sa paix avec la Maison d’Autriche, et que Rakoczi, abandonné à ses seules ressources, dut renoncer à la lutte et se retirer à Versailles, ce fut ce Karolyi qui négocia avec l’Empereur la funeste paix de Szathmar, consacrant la défaite du suprême effort de la Hongrie pour se débarrasser de la souveraineté autrichienne. En reconnaissance de ce service, l’Empereur lui donna le titre héréditaire de comte. Depuis ce temps, cette famille n’a jamais cessé de jouer un grand rôle dans la Double-Monarchie et d’acquérir des biens immenses.

A vingt ans, Michel Karolyi possédait une fortune princière, ayant hérité d’un majorat de quelque cent mille hectares, d’un

  1. Voyez la Revue du 15 décembre 1920.