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Sera-ce la France ? Sera-ce l’Allemagne ? Aux termes du Traité de Versailles, les frais de guerre proprement dits ont été laissés à la charge de chacun des pays belligérants. Les vainqueurs ont à supporter les leurs aussi bien que les vaincus. Ils ne reçoivent aucune indemnité. C’est déjà là une criante injustice. La France et la Belgique, qui n’ont pris les armes que pour se défendre, qui ont été odieusement attaquées sans avoir dit un mot ou fait un geste qui pût servir de prétexte à cette agression, gardent l’effroyable charge de tout ce qu’elles ont eu à dépenser pour sauver leur liberté. Ne serait-il pas inique qu’elles fussent, en outre, obligées de relever de leurs propres deniers leurs villes détruites et d’imposer à leurs contribuables le poids des pensions qu’elles doivent aux veuves et aux mutilés ? Le Traité ne condamne l’Allemagne à subir aucune pénalité ; il ne lui demande que le prix des réparations ; c’est bien le moins que ces réparations soient totales. M. Briand a, d’ailleurs, nettement déclaré que, l’Allemagne ayant repoussé le concordat qui lui avait été offert, nous en revenions maintenant à l’application du Traité. Il a ajouté, sur un ton plaisant, qu’il avait été forcé par les événements de se placer un instant sur la branche du forfait, mais qu’il y avait été très secoué par le vent et qu’il n’avait aucun désir d’y remonter. La Commission des Réparations va donc évaluer notre créance pour le 1er mai ; et, dès que les chiffres seront fixés, il s’agira de les traduire en réalités tangibles.

Les mesures actuellement prises ne suffiront, sans doute, ni comme astreintes coercitives, ni comme gages et garanties. Mais c’est beaucoup qu’elles aient été adoptées d’accord avec les Alliés et que le Gouvernement français en ait fait reconnaître la nécessité. L’Allemagne nous a déjà informés qu’elle ne se reconnaissait pas débitrice, pour le 1er mai, des douze milliards qui lui sont réclamés par la Commission des Réparations ; elle n’a pas versé, le 23 mars, le milliard marks or qui lui avait été demandé ; elle se met donc, de nouveau, dans son tort, et les Alliés vont être tout naturellement amenés à prendre des sanctions complémentaires. Ils les ont étudiées d’avance et ils sauront les choisir plus efficaces.

Il se peut que, dans l’intervalle, l’Allemagne essaie de recommencer la conversation. Les injures qu’elle nous prodigue, le tapage qu’elle mène autour de l’affaire de Haute-Silésie, les violences quotidiennes de sa presse, tout cela semble destiné à préparer, par un lever de rideau mélodramatique, une reprise des comédies que nous connaissons déjà. On va, d’une part, nous demander les mines polonaises