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vos délégués dans la Commission financière, à laisser à votre Parlement le droit de modifier, dans une certaine mesure, le budget préparé par cette Commission, à vous rendre, sous certaines conditions, la liberté d’octroyer des concessions, à vous reconnaître le monopole postal dans tout l’Empire ottoman. Pour le Kurdistan, si nous arrivons à nous entendre sur la protection des intérêts kurdes et assyro-chaldéens, et si vous acceptez de donner aux populations une certaine autonomie, nous ne repousserons pas l’idée de remanier le traité. De même pour l’Arménie, à la condition que vous reconnaissiez les droits des Arméniens turcs à posséder un foyer national sur les frontières orientales de la Turquie d’Asie et que vous promettiez d’adhérer à la décision, quelle qu’elle soit, d’une Commission que la Société des nations sera priée de nommer, pour déterminer sur place le territoire dont l’équité commanderait la remise à l’Arménie. Reste Smyrne. Là, nous vous proposerons une transaction que nous croyons raisonnable et qui peut, à notre avis, assurer le retour de la paix. Le vilayet de Smyrne resterait sous votre souveraineté. Une force grecque continuerait à tenir garnison dans la ville, mais, dans le reste du Sandjak, l’ordre serait maintenu par une gendarmerie encadrée d’officiers alliés et recrutés proportionnellement au nombre et à la nature de la population. La même répartition proportionnelle s’appliquerait à l’administration. Un gouverneur chrétien serait nommé par la Société des nations. Il serait assisté d’une assemblée élue et d’un conseil élu. Cet arrangement, du reste, ne serait que provisoire. Au bout de cinq ans, il pourrait être, sur la demande de l’une ou de l’autre des parties, soumis à révision devant la Société des nations. »

Telles sont, dans leur ensemble, les propositions que les Alliés ont faites aux délégués turcs. Elles sont, sur bien des points, assez imprécises ; elles ajournent plusieurs difficultés au lieu de les résoudre ; et elles ne font, d’autre part, aucune allusion à la Thrace. Au début de la Conférence de Londres, les Alliés avaient décidé qu’une Commission irait procéder à une enquête sur la composition ethnique et religieuse de la province que se disputent, à soixante-dix kilomètres de Constantinople, la Grèce et la Turquie. La Grèce ne s’étant pas ralliée à cette procédure, les choses sont restées en suspens, mais aucun des deux pays n’a renoncé à ses revendications. Les Turcs ont même réussi à faire appuyer les leurs, à Londres, par des musulmans indiens. Après la clôture de la Conférence, la communauté indienne de Londres a offert un dîner aux délégués ottomans. A cette réunion, un discours fut prononcé par un distingué mahométan,