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peint le chanteur de Kymé retrouvant à son foyer la vieille Mélantho, il fait à Kymé, qui est aujourd’hui Sandarli, un honneur immérité. Quant à Sapho, on vous a peut-être dit qu’elle était née à Eresos, dans l’île de Lesbos, et qu’elle avait surtout vécu à Mitylène et en Sicile. Erreur grossière. Elle était fille de Smyrne. Voilà deux raisons décisives pour que Smyrne ne demeure pas sous la domination ottomane... Nos amis anglais, qui ne se laissent pas prendre aux jeux de l’imagination méditerranéenne, n’ont pas, semble-t-il, beaucoup apprécié ce genre de démonstration historique.

Les Alliés se sont donc mis d’accord pour dire aux Turcs : « Nous allons, d’abord, vous donner une preuve de bonne volonté. Si vous acceptez les modifications que nous sommes prêts à introduire dans le traité de Sèvres, nous favoriserons de notre mieux votre admission dans la Société des Nations. Vous y entrerez avant l’Allemagne, qui vous a entraînés dans la guerre et que vous avez eu le tort de suivre. Le traité contient une clause qui fait peser sur vous la menace éventuelle d’être expulsés de Constantinople : nous sommes prêts à supprimer cette disposition. Mieux encore. Nous vous céderons la présidence de la Commission des Détroits et, dans cette Commission, vous aurez deux voix, au lieu d’une que nous vous avions seulement réservée. Nous voulons constituer une autre Commission, pour préparer la réforme judiciaire que nécessitera la suppression prochaine du régime des Capitulations. Nous vous admettrons également dans cette assemblée. Vous trouvez que nous avons exagérément réduit vos forces militaires : nous vous laisserons trente mille hommes pour les armes spéciales et quarante-cinq mille pour la gendarmerie. Vous dites qu’autour des Détroits, la zone démilitarisée est trop vaste : nous la limiterons à la péninsule de Gallipoli et à la rive de la mer de Marmara jusqu’à Rodosto, à la rive asiatique des Dardanelles, de Tenedos à Karaglia, à une bande d’une longueur d’une vingtaine de kilomètres sur les deux rives du Bosphore, |et aux îles qui, dans la mer Egée ou dans la mer de Marmara, commandent les Dardanelles. Nous irons même plus loin. Nous consentirons à évacuer rapidement Constantinople et la péninsule d’Ismid et à n’occuper, avec les troupes alliées, que Gallipoli et Chanak. En ce cas, vous pourriez maintenir vos troupes à Constantinople et vous auriez un droit de libre passage entre l’Asie et l’Europe dans la zone démilitarisée du Bosphore. Ce n’est pas tout. Nous sommes encore disposés à examiner la possibilité de vous accorder l’augmentation de vos forces navales, à vous faire de larges avantages dans le domaine financier, à introduire, par exemple, un de