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REVUE MUSICALE


Théâtre de l’Opéra : Antar, conte héroïque en quatre actes et cinq tableaux ; poème de M. Chekri-Ganem, musique de Gabriel Dupont. Vieille musique italienne. — Au Trianon-Lyrique.


De la musique, enfin de la musique ! Il y a de la musique, et beaucoup, et de l’excellente, dans l’opéra (pourquoi l’appeler « conte héroïque ? » ) du regrettable et regretté Gabriel Dupont. Et par ce mot, ou sous ce mot de « musique, » quoi qu’on entende ou qu’on nous fasse entendre aujourd’hui, vous savez très bien ce que nous voulons dire.

Le poème, en un style qui n’est pas toujours irréprochable, raconte l’histoire que voici. Antar est un berger d’Orient, de la tribu des Beni-Abs. Non seulement un berger, mais un soldat, un amoureux, et, nous le verrons tout à l’heure, bien autre chose encore. Pour le moment, il vient de sauver sa tribu de l’attaque d’une tribu voisine et d’arracher aux bras d’un farouche ravisseur la belle Abla (oh ! le vilain nom pour une jolie personne ! ), Abla qu’il aime et dont, pour sa récompense, il sollicite la main. Mais un autre, l’émir Amarat, y prétend aussi. Alors on transige, on diffère. D’accord avec Amarat, le père d’Abla, Malek, exige d’Antar un supplément d’héroïsme et de gloire. Qu’il aille combattre les Persans. S’il en revient vainqueur après six ans accomplis, Abla sera sa femme.

Il revient plus tôt, sa valeur n’ayant pas attendu le nombre des années. Hélas ! anticipation vaine. On célèbre, il est vrai, son hyménée. Mais Amarat a juré sa perte. Et, craignant de s’y employer en personne, il charge de ce soin un archer sans pareil, autrefois le ravisseur d’Abla, prisonnier d’Anlar et qui le hait, ayant eu les yeux crevés par ses soldats. Il faut croire, et nous le croyons parce qu’on nous l’affirme, que la cécité de l’étonnant tireur ne nuit aucunement