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Nous avons suivi depuis l’origine jusqu’à son terme la laborieuse négociation du règlement de la question adriatique. Nous nous sommes attaché à en montrer, au fur et à mesure, le contre-coup sur les rapports franco-italiens. Ce contre-coup a longtemps, en dépit des efforts du gouvernement français, été préjudiciable aux intérêts de la France en Italie.

La dernière phase de l’affaire a été plus propice à la bonne entente des deux côtés des Alpes. Cela est fort heureux, car cette harmonie des rapports franco-italiens est éminemment désirable.

A ce point de vue, on ne saurait mieux conclure cette étude qu’en rappelant les paroles prononcées par un des meilleurs juges des questions franco-italiennes, notre éminent ambassadeur à Rome, M. Barrère, au cours d’un discours prononcé devant la colonie française, le 14 juillet 1919 [1] :

« La liquidation du défunt empire austro-hongrois est en cours. Personne ne saurait mettre en doute la sympathie qui correspond, de notre part, à l’intérêt si légitime avec lequel nos alliés italiens en attendent la suite et la fin, derrière la frontière naturelle, la barrière stratégique inviolable, dont elle leur assure déjà, dans l’avenir, le bénéfice inappréciable : bénéfice qu’on n’estime à sa juste valeur que lorsqu’on ne l’a pas soi-même ! Un jour prochain viendra, j’en ai la confiance, où, dans leur unité réalisée, en présence de leurs destinées nationales accomplies, nos alliés italiens d’hier, d’aujourd’hui et de demain, prononceront, sur le rôle de chacun, le jugement serein, équitable et pratique, dont nous répond leur haut sens national. En attendant, aucune difficulté passagère, encore moins aucune rancœur ne doivent nous détourner de maintenir unis, dans cet après-guerre que nous pourrons bientôt appeler la paix, les deux peuples généreux qui l’ont été dans la guerre. »


XXX.

  1. Nouvelle Revue d’Italie du 15 janvier 1920. Discours à la Colonie française, par M. Camille Barrère.