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heureusement résolue, la cause italienne a été servie par diverses voies. »

La ratification du traité acquise à une grande majorité et approuvée par le Roi, cet acte est devenu loi de l’Etat. Il a eu pour lui la volonté nationale et l’approbation royale, qui avaient sanctionné l’initiative gouvernementale. C’est le moment qu’attendait pour en finir le gouvernement italien. Un ultimatum fut alors adressé en son nom par le général Caviglia à M. d’Annunzio, lui enjoignant de souscrire, dans le délai de 24 heures, à l’évacuation des îles et positions indûment occupées, au libre départ de Fiume des bâtiments de la Marine Royale arbitrairement retenus dans ce port, à la restitution des autos blindées séquestrées, au licenciement de tous les légionnaires natifs d’ailleurs que Fiume et son territoire. Dédaignant les éclaboussures dont la colère du poète l’avait gratifié, le général Caviglia avait joint à cet ultimatum une lettre où il l’exhortait encore fraternellement à prononcer la parole d’obéissance aux ordres du Roi et à la volonté de la Patrie. A l’expiration du délai fixé lui parvint une réponse de M. d’Annunzio, qui ne laissait aucune espérance de voir celui-ci s’incliner devant la loi.

Alors a suivi son cours l’application de mesures de coercition concertées entre l’autorité militaire et le Gouvernement, mesures efficaces, mais encore sagement graduées. D’abord, un resserrement du blocus, qui le rend effectif et l’applique à l’approvisionnement de vivres. Ensuite, en raison de l’altitude de plus en plus menaçante que prenait M. d’Annunzio et de divers actes offensifs accomplis par ses légionnaires, une avance des forces royales sur Fiume. Bien que destinée à continuer jusque dans la ville même, si c’était nécessaire, cette avance a été conduite par le général Ferrario, commandant la 45e division, avec toute la prudence et la lenteur voulues pour diminuer les risques d’effusion de sang. Ce n’est pas sans avoir essayé d’abord de la persuasion qu’il s’est résolu, ou plutôt résigné à employer la force. Des négociations ont été entamées et poursuivies par l’intermédiaire du général Caviglia, commandant en chef l’armée de la Vénétie Julienne. Des conférences ont été tenues entre ce général et le dictateur. Le traité de Rapallo a été officiellement communiqué à M. d’Annunzio, des éclaircissements, des apaisements, des assurances lui ont été données. Rien n’y fit et rien n’y pouvait faire, dès l’instant qu’il émettait