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partagé par le comte Sforza. "Des négociations furent entreprises sans délai avec le gouvernement albanais, l’Italie reconnaissant l’indépendance de l’Albanie et obtenant la concession de l’ile de Sazzeno, avec les deux pointes de la baie de Vallona. Ces négociations ont abouti à un accord de principe qui a conduit les deux parties à des relations diplomatiques suivies.

Les Yougo-Slaves ne s’étaient pas d’abord apitoyés outre mesure sur l’échec de la politique de protectorat et d’occupation militaire italienne en Albanie centrale. Mais, quand ils virent que cet échec conduisait l’Italie à l’adoption d’une politique diamétralement opposée, qui mettait en péril leurs propres prétentions sur l’Albanie du Nord, notamment sur Scutari, ils commencèrent à trouver l’aventure infiniment moins plaisante. Leur intérêt s’accrut à déblayer le terrain de la question essentielle, celle des frontières, avec ces voisins italiens qui jouaient serré, parvenaient à rétablir tant bien que mal une partie aussi compromise que la partie albanaise, n’avaient pas encore reconnu l’unité imparfaitement cimentée du royaume serbe-croate-slovène, et pouvaient être tentés de faire au Monténégro l’application du même principe d’indépendance qu’à l’Albanie. Aussitôt constitué le Cabinet Giolitti, le gouvernement de Belgrade avait fait savoir à Rome qu’il était prêt à rouvrir les négociations directes sur la question adriatique. Une certaine impatience de les reprendre effectivement devint sensible de sa part au fur et à mesure que le temps passa.

M. Giolitti et le comte Sforza déclarèrent, dès la première ouverture, qu’ils étaient décidés à les reprendre et n’attendaient que de le pouvoir. Le président du Conseil voulut toutefois se donner le temps d’étudier l’affaire, à laquelle il n’avait pas encore été personnellement mêlé, et de mettre sur pied un projet définitif de solution. Il voulut aussi obtenir d’avance l’assentiment des premiers ministres anglais et français à la solution de son choix. Ce fut un des objets de ses entrevues avec M. Lloyd George à Lucerne et avec M. Millerand à Aix-les-Bains. Après ces deux rencontres, M. Giolitti était assuré que tout règlement sur lequel il se mettrait directement d’accord avec les Yougo-Slaves aurait l’adhésion des gouvernements de Londres et de Paris. Après les conférences d’Aix-les-Bains, le 14 septembre, parut un communiqué où l’on relevait le passage suivant, relatif à l’Adriatique :