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droite du Rhin. C’est alors qu’on a pu mesurer le tort fait en Italie par l’affaire de Fiume à la cause française. Une opération, qui, en d’autres temps, n’aurait soulevé aucune objection, étant donné les impérieuses raisons qui la justifiaient, non seulement ne rencontra aucune approbation au delà des Alpes, mais suscita une désapprobation, qui, même quand elle fut exprimée modérément et amicalement, n’en fut pas moins explicite. Beaucoup jugèrent la question en soi, sans y faire intervenir les désillusions nationales, ce qui ne veut pas dire sans en subir l’influence. Mais beaucoup aussi les y firent intervenir et pensèrent ou dirent : « Chacun son tour, chacun pour soi. » Sentiment peu équitable à quelques semaines de la menace encourue par la France de la part des États-Unis, pour son attitude envers la Yougo-Slavie.

L’opinion publique italienne aurait pu, alors, être redressée, dirigée dans une meilleure voie, et il faut reconnaître que malheureusement elle ne l’a pas été.

A la Conférence de San Remo, du 17 au 28 avril, la question de l’Adriatique n’a tenu qu’une petite place, tout à fait à la fin. M. Nitti, dans la dernière séance, a annoncé qu’il était prêt à se rallier à la solution de M. Wilson, moyennant quelques modifications. M. Millerand lui a répondu que le gouvernement français se considérait toujours comme lié par la Convention de Londres ; si le gouvernement italien se ralliait à la solution Wilson, il n’y avait qu’à en prendre acte ; mais s’il y proposait des modifications, on se trouvait en présence de nouvelles propositions, qui demandaient à être examinées. M. Lloyd George s’est associé à cette réponse. Elle venait d’être formulée, quand est parvenu à M. Nitti un télégramme de M. Trumbitch, s’excusant sur sa santé de n’avoir pu se rendre à San Remo, se déclarant disposé à chercher avec lui les bases d’une entente directe, et lui demandant une entrevue.

Cette ouverture a été accueillie. L’entrevue a été fixée à Pallanza. M. Scialoja venait d’y arriver et d’y prendre contact avec M. Trumbitch, quand la chute du Cabinet Nitti a coupé court aux pourparlers.

Il n’a presque rien été su de l’entrevue de Pallanza. La chute du cabinet dont faisait partie le négociateur italien, M. Scialoja, a presque tout de suite suspendu les négociations. La crise ministérielle et la constitution d’un nouveau ministère