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une note, qui lui laisse le choix entre cette solution et l’exécution pure et simple de la Convention de Londres.

A cette alternative, le gouvernement yougo-slave tente de se soustraire en entamant un marchandage : il lui est répondu que le compromis est à prendre ou à laisser, non à discuter. Il demande alors une prolongation du délai qui lui a été imparti pour répondre par oui ou par non : on la lui accorde. Il allègue ensuite qu’il ne connaît pas la Convention de Londres, pourtant publiée par les journaux : on lui en télégraphie le texte. Il répond enfin, le 28 janvier, mais ni par oui, ni par non. S’empressant de ne pas considérer sa réponse comme un refus définitif, les gouvernements français et anglais, par une démarche conjointe de leurs ministres à Belgrade le 8 février, par une lettre à M. Trumbitch le 13, lui rappellent qu’il s’agit d’une option et insistent pour connaître sa décision : nouveaux atermoiements ; une crise ministérielle, longue à résoudre, survient à propos ; on laisse prévoir qu’on optera pour le traité de Londres, parce qu’inexécutable par l’Italie, mais aucun parti n’est pris ; ainsi est laissé à une intervention américaine, qui se dessine depuis une quinzaine de jours, le temps de se produire. Il serait injuste de contester la réalité des difficultés, où l’alternative franco-anglaise a plongé le gouvernement serbe-croate-slovène. Force lui a été de tenir compte, dans cette affaire, des dispositions des Croates et des Slovènes, plus directement intéressés et plus intransigeants que les Serbes. Mais ce n’est pas s’aventurer beaucoup que de conjecturer qu’il a habilement gagné du temps pour attendre le secours de M. Wilson.

Dès que M. Wilson a connu l’option offerte par les Alliés à Belgrade, entre le compromis Nitti et la Convention de Londres, il est sorti de sa retraite pour formuler des observations. M. Lloyd George et M. Clemenceau lui ont répondu, en expliquant les raisons de leur initiative, se défendant d’avoir voulu agir à l’insu des Etats-Unis, et faisant valoir l’avantage, pour les Yougo-Slaves, de cette sorte de cote mal taillée qu’est le compromis Nitti.

Ces explications ne satisfont pas le président Wilson qui, le 13 février, adresse à Londres et à Paris une note, rétorquant tous les arguments de M. Clemenceau et de M. Lloyd George, critiquant sur tous les points la solution soumise à Belgrade, déclarant ne