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négociation se poursuit, après leur départ, entre d’Annunzio et le général Badoglio, commandant l’armée de la zone d’armistice, par l’intermédiaire du chef d’État-major de cette armée, le colonel Siciliani. Le 15 décembre, la grosse cloche de Fiume appelle le peuple sur la place du palais du gouvernement et, de la loggia, d’Annunzio donne lecture des conditions acceptées par le général Badoglio, moyennant lesquelles le dictateur et ses volontaires pourraient quitter la ville. Aucun des textes de ce document, qui ont circulé en Italie et dont certains ont même paru dans la presse, n’est d’une authenticité établie ; il est donc préférable de n’en citer aucun. Tout ce que l’on peut affirmer, c’est que le gouvernement s’est engagé à ne pas accepter, pour la question de Fiume, de solution inférieure à un minimum, considéré par d’Annunzio comme suffisant pour lui permettre d’évacuer et de céder la place à des troupes régulières. Et cet engagement a dû être, pour le gouvernement, une raison de plus de ne pas céder au delà d’un certain point, dans les négociations qu’il a poursuivies depuis avec les alliés. Il est très probable en outre que, en définissant la solution minima au-dessous de laquelle le gouvernement s’engageait à ne pas descendre, le général Badoglio a dépassé les intentions du gouvernement lui-même, celui-ci n’ayant pas dû promettre plus que la solution Tittoni. Quoi qu’il en soit, sur la base des principes énoncés dans la déclaration lue aux Fiumains le 15 décembre, d’Annunzio est prêt à s’effacer, et le Conseil National, dans un ordre du jour également communiqué au peuple, approuve son départ. Mais un groupe d’intransigeants, résolus à ne le laisser, à aucun prix, partir vivant, réussit à lui en imposer, travaille la population et parvient à ce qu’un référendum, ordonné par le dictateur et favorable à l’acceptation de l’accord, soit tenu pour nul et non avenu. Les choses en sont, depuis lors, restées là.


XI. — LE COMPROMIS NITTI. — l’ACCORD DU 14 JANVIER ET LA NOTE DU 20 JANVIER 1920.

Au début de janvier 1920, M. Nitti et M. Scialoja se rendent à Paris, à Londres et de nouveau à Paris. Les Etats-Unis se sont alors de plus en plus désintéressés des affaires encore en suspens. Après M. Wilson et M. Lansing, M. Polk a regagné