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tenir compte des nouvelles augmentations des prix. Enfin, l’exposé des motifs du projet de loi déposé par le gouvernement le 9 août 1919, certainement rédigé d’accord avec l’administration des Ponts et Chaussées, indique que « l’ordre de grandeur » de la dépense à envisager est de deux milliards et demi. Les prévisions sont complètes et comportent un ou deux barrages et une dérivation éclusée entre la frontière suisse et Seyssel, cinq dérivations éclusées en amont de Lyon, douze de là à la mer, des usines électriques à chaque dérivation, des ouvrages permettant le passage de bateaux de 1 200 tonnes, les travaux nécessaires pour l’irrigation de 260 000 hectares, un collecteur d’énergie unissant les usines et une ligne de transport de la force à Paris. Le total, en majorant les prix en raison de leur récente augmentation, est de deux milliards 270 millions, soit deux milliards et demi avec les frais accessoires et les intérêts intercalaires.

Quant aux recettes, celles de la navigation sont difficiles à prévoir, et seront toujours faibles, car il ne faut pas décourager le commerce par des droits de navigation élevés. L’exposé des motifs du projet de loi ne les prévoit que comme devant couvrir les frais d’exploitation, l’aménagement des ports et du halage, la fourniture d’eau aux canaux primaires d’irrigation et la fourniture d’eau aux stations de pompage pour l’agriculture.

M. Jean Maître, en comptant sur la vente de 750 000 chevaux seulement, et en établissant des tarifs différents suivant la nature de la force placée et les divers types de clientèle, estime la recette à 99 818 000 francs, chiffre qui peut être majoré de 20 pour 100 pour couvrir les frais généraux. La recette serait alors de 120 millions, ce qui correspond, selon lui, au prix de 37 fr. 50 la tonne de charbon, évaluation incontestablement modérée. M. Mähl évalue, lui aussi, les recettes à 120 millions, dont 8 millions seulement fournis par la navigation et l’irrigation, et cela en minorant fortement les prévisions, par prudence. Plus récemment, il escompte une recette de 160 millions, en augmentant la quantité de force qu’il espère placer.

L’exposé des motifs du projet de loi du 9 août 1919 considère comme raisonnable et modéré le prix de 10 centimes pour la vente du kilowatt-heure. Le bénéfice net est réduit de