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jonction des efforts entre la France et la Suisse a été étudiée par la Chambre de commerce française de Genève et par le Comité franco-suisse du Haut-Rhône.

Il y a cent vingt ans qu’un accord diplomatique est intervenu entre la France et la Suisse pour l’aménagement du Rhône. L’article VI du traité du 4 fructidor an VI engageait les deux États à faire, chacun sur son territoire, les travaux nécessaires pour assurer une communication par eau entre le lac de Genève et la partie navigable du Rhône. Récemment, des conversations ont été engagées dans le même sens. Elles ont été arrêtées par l’opposition d’une partie de la Suisse à l’augmentation de la tranche réglable du lac Léman, mais seront sans doute prochainement reprises. Le Conseil supérieur des Travaux publics a préparé un projet d’accord franco-suisse prévoyant l’aménagement du Rhône simultanément dans les deux pays, avec des écluses permettant le passage de bateaux de 1 000 tonnes. Il faut que le traité oblige la Suisse à procéder à la jonction du Rhône au Rhin, avec des ouvrages du même type, de même que la France s’engagera à aménager le Rhône jusqu’à la mer, car la jonction des deux fleuves par la Suisse est un élément essentiel du problème.


La question financière. — Avant la guerre, des études très sérieuses ont été faites pour rechercher quelle était la dépense à effectuer pour l’aménagement du Rhône. Il y a lieu, naturellement, de majorer considérablement les prévisions ainsi faites.

De nouvelles prévisions ont été faites plus récemment. Nous ne donnerons que les résultats généraux obtenus. M. Jean Maître, ingénieur au corps des Mines, conseiller général du Haut-Rhin, prévoit, pour l’aménagement intégral du Rhône jusqu’à la mer, avec le grand barrage de Génissiat et des dérivations du type Armand, une dépense de 1 600 millions, en y comprenant les frais de constitution d’une société, le fonds de roulement, les intérêts intercalaires et une somme pour l’imprévu. M. Armand, ingénieur en chef du Service du Rhône, et M. l’inspecteur général de la Brosse arrivent, en majorant les chiffres pour tenir compte de l’augmentation des prix, à 1430 millions. M. Mähl, dont nous avons examiné les projets, arrive à 1 300 millions, chiffre qu’il porte à deux milliards pour