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Le fleuve peut être régularisé ; ou bien il peut être canalisé dans son propre lit ; ou bien encore le fleuve sera abandonné par la navigation et servira à alimenter un canal latéral navigable.

Le Rhône présente, pour la canalisation dans le lit même, des difficultés qui en avaient fait rejeter l’idée. En effet, la méthode consiste à établir dans le fleuve une série de barrages qui remplacent la pente par un escalier dont les bateaux franchissent les degrés par des écluses. Or, la forte pente du Rhône, sa vitesse, ses berges parfois basses rendent les barrages difficiles à placer ; les barrages risquent d’étendre les inondations, s’ensableront, nécessiteront de puissantes digues. Ces difficultés n’ont cependant pas arrêté les auteurs de certains projets. D’autre part, le canal latéral, très sûr pour la navigation, est coûteux et ne permet pas le captage de l’énergie hydraulique du fleuve, au moins dans une proportion importante.

Avant de décrire sommairement les procédés proposés pour aménager le Rhône, nous aborderons certaines questions qui se posent, quel que soit le procédé adopté.

Quel est le type de bateau pour lequel il faut prévoir les écluses et autres ouvrages ? Car il faut construire la voie pour les bateaux qui rendront le plus de services, et non pas pour des bateaux trop petits, qui ne permettraient pas un trafic sérieux, ou trop grands, nécessitant de vastes et coûteuses écluses et un large canal, alors que ces grands bateaux ne devront jamais exister. Il n’est pas actuellement question de faire porter au Rhône les grands chalands de 2 000 tonnes et plus qui naviguent sur le Rhin. Les conditions de la navigation sont trop différentes.

La discussion porte sur le point de savoir si le Rhône doit être propre à recevoir des bateaux de 600 tonnes ou des bateaux de 1 000 à 1 200 tonnes. Les projets récents prévoient le bateau de 1 000 à 1 200 tonnes. Un maximum est, dès à présent, fixé par les dimensions de l’écluse du nouveau canal d’Arles à Marseille, longue de 160 mètres, large de 16 mètres, profonde de 2 m. 50, pouvant être approfondi à 3 mètres, ce qui permettra l’accès de bateaux dépassant largement les 1 200 tonnes.

S’il convient d’aménager le fleuve lui-même, et aussi dans le cas où il serait décidé de construire un canal latéral, la