Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 62.djvu/639

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

remplacer ces 27 millions de tonnes de houille par l’énergie hydraulique. Et la France entière permettrait facilement de capter le triple de cette énergie.

Pour ne prendre qu’une partie du Rhône, la partie située entre la frontière franco-suisse et Seyssel, où le fleuve devient théoriquement navigable, l’énergie pouvant être captée annuellement équivaudrait à la production de tout le bassin houiller de Blanzy, à la moitié de celle des bassins de Lens ou d’Anzin. Et la houille noire s’épuise, tandis que la houille blanche est éternelle.

Il faut reconnaître cependant que l’électricité obtenue en aménageant les chutes d’eau, si elle remplace avantageusement la houille quand il s’agit d’obtenir un travail mécanique, ou certains effets chimiques nécessitant un courant électrique, ne peut en général la remplacer quand il s’agit d’obtenir de la chaleur ou certaines réactions chimiques nécessitant la présence du carbone.

L’importance du captage de la puissance des cours d’eau n’est donc plus à démontrer. Cependant une objection a été formulée : si l’on capte trop de puissance hydraulique, il sera impossible d’en trouver l’emploi. Il est exact qu’il y a eu des crises de surproduction de la houille blanche. En revanche, pendant la guerre, il y a eu un énorme déficit, manifesté par la nécessité d’aménager hâtivement un grand nombre de chutes.

La crise de surproduction sera facilement évitée en répartissant l’aménagement du Rhône sur une assez longue période. Les travaux généraux pour la navigation et pour le captage de la puissance hydraulique dureront un bon nombre d’années, de sorte que la puissance captée ne se placera que peu à peu. Les débouchés ne manqueront pas : la métallurgie du fer, qui emploiera les minerais de l’Afrique du Nord, occupera de nombreuses usines des bords du Rhône. Il en est de même de la métallurgie de l’aluminium et de l’industrie électro-chimique, produits azotés, soude, etc. Les Chambres de Commerce de l’Isère, de la Savoie et de la Haute-Savoie ont dressé un important tableau des industries ayant intérêt au captage de la puissance hydraulique, particulièrement dans le Sud-Est.

La possibilité de diviser à l’infini la puissance d’un fleuve transformée en électricité permettra de l’employer à actionner