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L’AMÉNAGEMENT DU RHÔNE

APRÈS LE VOYAGE DE M. MILLERAND

Le 9 août dernier, un projet de loi relatif à l’aménagement du Rhône a été déposé sur le bureau de la Chambre, qui l’a voté le 16 octobre. Il est actuellement soumis au Sénat. D’après l’exposé des motifs de ce projet, « l’ordre de grandeur » de la dépense à prévoir est de deux milliards et demi. Cette dépense serait faite, non par l’Etat, mais par une Compagnie privée ; selon les prévisions, l’affaire doit rapporter l’intérêt du capital engagé et amortir ce capital.

Un milliard d’aujourd’hui n’est pas un milliard d’avant la guerre. Nous avons perdu l’habitude de nous étonner en présence de chiffres qui naguère eussent fait reculer le plus hardi des financiers. Cependant, même aujourd’hui, il y a de quoi réfléchir quand il s’agit de deux milliards. L’aménagement du Rhône présente-t-il tant d’importance qu’il justifie une pareille dépense ? Est-il possible que ce capital puisse recevoir son intérêt et être amorti en 75 ans ? Ce sont là des questions qui, si graves qu’elles soient, ne font pas l’objet essentiel de cet article. Sans les négliger cependant, nous rechercherons surtout quelle importance économique pourra présenter l’aménagement du Rhône.

M. Millerand, président de la République, vient de montrer l’intérêt national qui s’attache à la réalisation du projet. Le 13 mars dernier, avant de descendre le Rhône de Lyon à Avignon, il s’est rendu à Bellegarde, où il a été reçu par M. de Sancey, maire, président de la Société générale d’entreprise des travaux d’aménagement du Rhône. Il a fait connaître que le projet de loi serait vraisemblablement discuté et voté très