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a assumée, en laissant tomber sans un mot de réponse la proposition de l’empereur Nicolas !

— Il ne pouvait répondre à une telle proposition qu’en l’acceptant. Et c’est parce qu’il voulait la guerre qu’il n’a pas répondu.

— Cela lui sera compté par l’histoire. Car enfin il est maintenant établi que, dans cette journée du 29 juillet, l’empereur Nicolas a offert de soumettre à un arbitrage international le litige austro-serbe ; que, ce même jour, l’empereur François-Joseph a mis le feu aux poudres en ordonnant le bombardement de Belgrade et que, ce même jour encore, l’empereur Guillaume a présidé le fameux conseil de Potsdam qui a décidé la guerre générale.


XVI. — RÉOUVERTURE DE LA DOUMA


Lundi, 1er février.

Sur la rive gauche de la Vistule, dans la région de Sochaczew, les Russes procèdent à une série d’attaques partielles et courtes, qui correspondent bien à ce que le Grand-Duc Nicolas appelait « une défensive aussi active que possible. » En Bukovine, faute de munitions, ils rétrogradent lentement.



Vendredi, 5 février.

Je reçois la visite du Ministre de l’Agriculture, Krivochéïne. Parmi tous les membres du cabinet Gorémykine, il est, avec Sazonow, le plus libéral et le plus dévoué à l’Alliance.

Le Département de l’Agriculture est d’une importance capitale en Russie ; on peut dire qu’il régit toute la vie économique et sociale. Krivochéïne déploie dans sa tâche immense des qualités assez rares chez les Russes : une intelligence lucide et méthodique, le goût des faits exacts, la conception des principes directeurs et des cadres généraux, l’esprit d’initiative, de suite et d’organisation. L’œuvre colonisatrice qu’il a entreprise en Sibérie, au Turkestan, au Ferghana, dans la Mongolie extérieure, dans la Steppe kirghize, enregistre chaque année des résultats surprenants.

Je l’interroge sur les impressions qu’il a rapportées du Grand-Quartier général, où il s’est rendu récemment :