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âgé de vingt ans, de figurer d’une manière digne de sa naissance ? Ouvrons le registre conservé à Chantilly dans sa vieille reliure de maroquin rouge armoriée et parcourons rapidement le compte que rend au prince, Pierre Bauger, son trésorier général.

Il fallut en 1684, — arrêtons-nous seulement aux articles les plus intéressants et négligeons les sols et les deniers, — 58 858 livres pour la dépense des maison et écuries, 680 pour les maladies des domestiques ; 23 005 pour les menus plaisirs, chambre et garde-robe « on a payé notamment 360 livres pour 240 livres de bougie « pour la chambre de S. A. S. en janvier et avril 1683 ; » 60 pour blanchir son linge et celui de ses valets en janvier et février 1683 ; 28 pour le papier, les plumes, l’encre, la cire, etc., de la même année ; 426 « pour façons d’habits et menues fournitures du 13 janvier au 30 juin 1681 ; » et Subtil, portier de la Comédie de l’hôtel de Guénégaud, a reçu 132 livres « pour deux loges et plusieurs places que S. A. S. a louées du 21 avril au 20 septembre 1684. » Il fallut 1839 livres pour les meubles du prince et de ses domestiques ; 8 306 pour les achats de chevaux et d’armes ; 8 160 pour les selliers, bourreliers, charrons, peintres, etc. ; 13 223 pour les voitures et voyages ; 657 pour les loyers de maisons et écuries ; 3 803 pour les livrées ; 1 997 pour les gratifications aux serviteurs ; 496 pour les menues parties (aumône annuelle au grand bureau des pauvres de Paris, taxe des boues et lanternes, blanchissage de draps, serviettes et autres linges, frottage des appartements par le ramoneur Charles Soignard qui le fait à raison de 10 livres par mois) ; 14 039 pour les gages et appointements ; 8 936 pour les pensions viagères des anciens domestiques, nourrices et aumôniers ; 224 pour les ports de lettres et paquets : en tout 340 022 livres.

C’est que la vie d’un prince du sang coûte cher. En 1683 et 1684, La Roche-sur-Yon et son frère ont paru aux sièges de Courtrai et de Luxembourg. Rappelons que, pendant ces campagnes, les premières de leur vie, ils ont mérité les compliments de leur oncle. Le Grand Condé leur a fait dire qu’ils s’exposaient trop et ne devaient pas aller au delà de leur devoir. La Roche-sur-Yon a emporté à la guerre une tente de dix-huit pieds de long, douze de large et douze de haut en coutil de Bruxelles doublé d’indienne ; trois autres qui lui serviront de