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heures, assis sans quitter une seconde leur place et ne voient, ni n’entendent rien qu’un interminable menuet. A dix heures moins le quart, on danse la contre-danse les uns après les autres comme les enfants récitent le catéchisme, et alors le bal prend fin. »

La Roche-sur-Yon ne voyait sans doute pas l’appartement ainsi, d’un œil de caricaturiste. Le plus aimable et le plus sociable des princes, « qui avait toutes les dames à son commandement par l’agrément de sa politesse et la discrétion de sa galanterie, » ne pouvait partager le violent dégoût de la Palatine.

Était-il depuis son retour un modèle de vertu ? Hélas ! non. Bien qu’il se fût amendé, il était loin encore d’être irréprochable. Cependant, il eut un rôle, dans une affaire d’amour, non parmi les jeunes premiers, mais parmi les pères nobles. Les jeunes premiers étaient le marquis de Richelieu et la future marquise, une fille du duc de Mazarin, « belle comme le jour » et qui devait se rendre « fameuse par les désordres et les courses de sa vie errante. » Au couvent de Sainte-Marie de Chaillot, sur le bord de la Seine, une petite porte du jardin s’ouvre un jour subitement. Mlle de Mazarin, accompagnée d’une religieuse, Mme de Beauvais, reconduit sa sœur cadette la marquise de Bellefonds. Tandis que Mme de Bellefonds embrasse Mme de Beauvais, la jeune fille s’échappe par la porte ouverte, est reçue par le marquis de Richelieu, trouve un carrosse à six chevaux, gagne les Pays-Bas espagnols, passe bientôt à Courtrai, à Bruxelles ; et, dans le diocèse d’Anvers, s’empresse d’épouser son ravisseur. Cette aventure avait suffi, vers le 15 décembre 1682, pour forcer La Roche-sur-Yon, malgré ses dix-huit ans, de siéger comme juge d’abord à Versailles chez Colbert, puis à Paris, chez le prince de Conti, avec tout ce qui touchait aux Mazarin, le comte de Soissons, le duc de Vendôme et son frère le Grand Prieur, la duchesse de Bouillon. La Roche-sur-Yon opina a l’instar de tant de vertueux personnages. Comme tous ces gens qui avaient eux-mêmes besoin d’indulgence, il ne voulut pas prendre « le parti de rigueur, » que les agents du duc de Mazarin absent de Paris proposaient.


Quel était en 1684 le train de M. de La Roche-sur-Yon ? Quelles ressources permettaient à ce jeune homme, à peine