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s’y plaît fort. Monsieur son frère n’en apprend que huit ou dix, mais il y trouve tant de plaisir qu’il les déclame avec un petit geste qui vous ferait rire. Il commence toujours au même endroit que M. de Conti et nous reprenons les entre-deux certains jours qu’il prend médecine, car le cadet a beaucoup plus de santé. »

Conti explique ensuite deux chapitres du sixième livre de Tite-Live, à livre ouvert et sans aucune aide du français, La Roche-sur-Yon, une demi-page de Justin, mais en s’aidant du français dont il ne peut encore se passer « il a sept ans ! ), et l’on inscrit sur le papier « les mots et les phrases difficiles ou les expressions remarquables dont on peut avoir besoin pour parler latin. »

Pendant l’heure de récréation qui leur est donnée avant le diner de midi, ils se divertissent aux armes, à l’escarpolette, ou se promènent dans le jardin. Comme ils ne se remettront au travail qu’un peu avant quatre heures, voici que survient le maitre à danser, mais non un de ces frivoles maitres à danser qui arrivent avec des violons et vous enseignent des danses figurées. Celui-là, quoiqu’il soit l’un des meilleurs de Paris, est sans musique. Les enfants n’apprennent de lui qu’à » bien porter le corps, » à bien marcher, à faire la révérence, ce qui est indispensable pour former un honnête homme. L’austère princesse de Conti admet à grand peine ce maitre d’un art si vain ; et, malgré les représentations du prince de Condé, son beau-frère, bien que l’affaire ait été portée jusqu’au Roi, elle finit par proscrire la danse.

Tous les deux jours, les princes font des visites pour se former et s’accoutumer à « voir le monde, » « visites choisies, s’empresse de dire Lancelot, et qui ne se font qu’à des personnes sages et de mérite. » Les autres jours, on demeure dans le jardin, ou, si l’on est à la campagne, comme c’est le cas à l’Isle-Adam, on monte à cheval et on chasse.

La classe recommence vers quatre heures, après la collation. Du Trouillas donne une leçon d’histoire, et insiste particulièrement sur la morale et sur la politique. Quand la leçon est donnée par Lancelot, elle a pour sujet l’histoire ancienne, car, « si Messeigneurs ne l’apprennent pas présentement, ils ne l’apprendront jamais. » Ils ont déjà lu Josèphe, Hérodote et une partie de Xénophon. Le latin succède à l’histoire, enseigné suivant