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remarquable et novateur. Il avait publié, outre le Jardin des racines grecques et la Grammaire générale, les méthodes pour apprendre rapidement le latin, le grec, l’italien, l’espagnol, les traités de poésie de ces différentes ~ langues, les Éléments de géométrie, etc.

Le Jardin des racines grecques, recueil de racines grecques mises en petits vers français, afin d’être retenues plus facilement et de soulager la mémoire pour la connaissance des mots, est plein d’erreurs, de faux radicaux, d’étymologies absurdes, même d’omissions, de contresens et de barbarismes ; mais il a rendu d’incontestables services à des générations d’écoliers. Il a résisté deux cents ans. Duruy ne le supprima qu’en 1863, et il ne fut pas remplacé. Où est-il, le livre pédagogique qui ait ainsi vécu deux siècles ? La Méthode latine avait eu l’honneur de servir aux études de Louis XIV, sous la direction de Péréfixe. Elle était en français, au lieu d’être en latin, selon la coutume du temps. Il espérait, le bon Lancelot, que « les enfants lui sauraient quelque gré d’avoir travaillé pour les exempter de tant de peine et d’inquiétudes qu’ils avaient à apprendre Despautère, » car il avait la passion, la dévotion de l’enfance.

Par une lettre pleine de bonhomie qu’il écrivit en juin 1671 à M. de Saci, au moment où il venait d’arriver au château de l’Isle-Adam, nous savons quel était, heure par heure, l’emploi du temps de ses élèves. « Pour ce qui regarde Messeigneurs en particulier, voici. Monsieur, disait-il, l’ordre que je garde, qui n’est pas si stable qu’on ne le change quelquefois... Comme ils sont fort jeunes et d’une complexion faible, on les laisse dormir autant qu’ils le peuvent ; mais, dès qu’ils sont éveillés, sans les laisser rendormir, on les lève, de peur qu’ils ne badinent dans leur lit. Ainsi, quoique l’heure du coucher soit marquée, celle du lever ne l’est pas. Il va bien à une heure de différence, c’est-à-dire à six ou sept heures environ. Dès qu’ils sont levés, ils prient Dieu, et ensuite, pendant qu’on les habille, ils déjeunent et on leur lit l’histoire. Ils vont ensuite chez Madame lui donner le bonjour, où ils sont quelquefois quelque temps à faire leur petite cour. Je leur fais faire après quatre ou cinq tours de jardin ou monter même les montagnes pour les fortifier et les mettre en belle humeur ; après quoi, nous venons étudier. »

Il est neuf heures alors, et l’on prend, dès que la prière est