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LE GRAND CONTI


I


Conti, le Grand Conti que la gloire environne,
Plus orné par son nom que par une couronne.

(Regnard).


ÉDUCATION DE PRINCES

Vers la fin du XVIIe siècle, on voyait, au numéro 11 du quai Malaquais, un hôtel de construction récente. Bâti par le financier Le Barbier en 1630, cédé en 1632 à Loménie de Brienne, il fut acheté, vingt-huit ans plus tard, par Armand de Bourbon, prince de Conti. Avant de disparaître en 1845, il devait abriter, après les Contis, bien des maîtres différents ; s’appeler tour à tour l’hôtel du Plessis-Guénégaud, de Créqui, de Lauzun, de La Roche-sur-Yon, de Mazarin, de Juigné ; devenir, sous le Directoire, le Consulat et l’Empire, le ministère de la Police générale, et, sous la Restauration, la résidence du fondateur des Messageries nationales, Caillard. Aujourd’hui, sur l’emplacement de cette maison, où mourut le mari de la Grande Mademoiselle, où Fouché tendait les innombrables fils de la police impériale, s’élève l’École des Beaux-Arts.

Mais, il y a deux siècles et demi, le mur qui séparait l’hôtel du quai et joignait à droite un pavillon en retour, était neuf. Une porte cochère s’ouvrait au milieu. Elle laissait voir au fond d’une cour assez triste, un corps de logis à deux étages, dont l’autre façade regardait les parterres d’un petit jardin. C’est là que naquit, le 30 avril 1664, François-Louis de Bourbon. Son père, Armand de Bourbon, prince de Conti, était le