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catholique est synonyme de Français, et ii m’entraîne dans son église, où le souvenir de la France est partout. C’est au-dessus de l’autel, une grande copie d’une Sainte Famille du Louvre, portant sur le cadre : « Don de la France, 1843, » seulement la dévotion orientale a crevé la toile pour couronner les têtes d’or et de pierreries. C’est à droite de l’autel cette inscription : « A la mémoire du Général Baron Fabvier, mort au service de la France, grand-croix de l’Ordre impérial de la Légion d’honneur, grand-croix de l’Ordre Royal du Sauveur, décoré de la médaille Hellénique, philhellène français, décédé à Paris, le 15 septembre 1855. Gloire à ses mânes immortelles. »

Et à gauche de l’autel une inscription pareille à la mémoire du colonel Auguste Touret, autre philhellène français, Commandant de la Place d’Athènes, décédé au Pirée.

Et de l’église, je passe à la cure où Don Giorgio me montre tout d’abord des médailles à l’effigie de tous les Rois de France, rangées dans une vitrine. Il me parle de ses 60 paroissiens comme d’une colonie de 60 Français. Et après le désastre de nos armes, dans la déchéance de notre commerce, dans l’affaissement de notre expansion économique, le catholicisme seul nous maintient de par le monde les positions acquises. Gambetta l’avait bien compris et nos radicaux actuels manquent vraiment par trop d’extériorité en préparant, le cœur léger, la disparition de cette clientèle séculaire.

Mais trêve de politique, nous voici sur la terrasse de Don Giorgio, un délicieux cloître voûté en ogives : des traverses fleuries de lauriers relient les colonnettes, les arceaux s’ouvrent sur la rade, sur Argos et les montagnes roses, et Don Giorgio m’offre un verre de quinquina et un bouquet de fleurs.

Mais voici que mon nouvel ami, le commandant Schinas m’attend pour aller à Tirynthe et à Mycènes.


Le même jour, 4 heures du soir, devant un café d’Argos, entre un vieux pope et un palikare en fustanelle.

Donc le major Schinas m’attendait en voiture. Il était, l’an passé, député de Volo, et se représente cette année : j’avais entendu prononcer son nom à Athènes à propos d’un discours dont il avait écrasé, il y a deux ans, la politique financière de M. Tricoupis. Tu juges s’il me va cet officier — député. D’abord,