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extérieures, renonciation pour les Alliés à toute saisie des douanes. Cette fois, c’en était trop. Notre longue patience était à bout. M. Simons a eu beau louvoyer encore, recommencer les demi-promesses, les réticences et les sous-entendus. Dans un nouveau discours, M. Lloyd George a montré lumineusement que, si les suggestions de l’Allemagne étaient acceptées, elle se trouverait demain dans une situation meilleure que la France ; sur le point même où l’on pouvait craindre qu’il fût le moins résistant, sur la question de la Haute-Silésie, il a fait justice de la tentative allemande, et il a conclu que les sanctions allaient être immédiatement appliquées.

C’est un résultat fort important, et qui est certainement dû, pour une grande part, aux efforts de M. Briand, que d’avoir donné aux sanctions, au moment où la nécessité en était enfin reconnue, le caractère interallié, qui seul les peut rendre vraiment efficaces. Vis-à-vis de l’Allemagne, comme vis-à-vis du reste du monde, elles auront une signification morale et une portée pratique d’autant plus grandes qu’elles feront apparaître plus clairement la volonté commune de l’Angleterre, de l’Italie, du Japon, de la Belgique et de la France. Mais pour que cette volonté elle-même produise ses effets, pour qu’elle aboutisse au paiement de la dette allemande et au rétablissement définitif de la paix, il faut qu’elle ne se manifeste pas seulement dans l’occupation concertée de Duisbourg, de Ruhrort et de Dusseldorf ; il faut qu’elle se maintienne désormais dans l’exécution du Traité et dans la constitution de gages économiques assurant jusqu’au bout le paiement de notre créance. N’allons pas croire qu’après nos tergiversations d’une année, l’heureuse énergie d’hier décourage définitivement les intrigues allemandes.

A l’heure où je livre cette chronique à l’impression, de graves questions demeurent en suspens. Le Gouvernement français, M. Lloyd George, M. Chamberlain, avaient déclaré, après la Conférence de Paris, que si les Allemands n’acceptaient pas le système qui avait été arrêté par les Alliés, on en reviendrait au traité de Versailles. Est-il bien entendu aujourd’hui que les conventions proposées aux Allemands sont nulles et non avenues, puisqu’ils les ont refusées ? Est-il bien entendu surtout que jamais plus il ne sera fait état des concessions supplémentaires, envisagées à Londres par certains délégués alliés ? Est-ce une créance totale, une créance réduite, ou une créance deux fois amputée que nous avons désormais l’intention d’exercer ?

Puis, ces sanctions que nous appliquons, pourquoi ne comprennent-elles