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étoiles tournant l’une autour de l’autre, mais si serrées qu’aucun télescope ne peut les séparer.

Supposons que le plan orbital d’Algol et de son satellite, au lieu d’être dirigé exactement vers la terre, soit un peu incliné sur la ligne qui nous joint à l’étoile. Qu’arrivera-t-il ? C’est que le satellite, surtout s’il est un peu plus éloigné d’Algol, au lieu de s’interposer entre Algol et nous, passera à chaque révolution un peu au-dessus ou un peu au-dessous de la ligne qui nous joint à Algol, mais sans qu’il y ait interposition par rapport à nous. Il n’y aura plus alors de variation lumineuse. Mais il y aura toujours une variation des vitesses radiales, un déplacement périodique des raies spectrales. C’est ainsi que le spectroscope a permis de découvrir un grand nombre d’étoiles doubles de cette sorte qu’aucun télescope ne pouvait séparer et qu’on appelle pour cette raison des ÉTOILES DOUBLES SPECTROSCOPIQUES. La première de cette sorte qui tut découverte est Bêta de la constellation du Cocher. Depuis, le nombre de ces étoiles, qui ne sont fixes et simples qu’en apparence, est devenu assez considérable.

C’est ainsi que, grâce au spectroscope, un peu de l’invisible a cessé de nous être caché. Les découvertes que ces méthodes subtiles ont permis de réaliser dans l’étude de l’univers sont parmi les plus beaux triomphes de la science, j’entends de cette science pour qui savoir vaut mieux que pouvoir, pour qui aussi pouvoir ne vaut que pour savoir.


CHARLES NORDMANN.