Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 62.djvu/444

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

constata que ses raies spectrales présentent des changements périodiques de leur position en rapport avec cette variation lumineuse. Au milieu de l’intervalle entre deux minima successifs, les raies spectrales d’Algol coïncident avec les raies correspondantes données par un tube de Geissler contenant de l’hydrogène raréfié. Elles décroissent vers le rouge avant le minimum d’éclat, vers le violet après ce minimum, ce qui prouve que l’étoile s’éloigne de nous avant ce minimum et s’en rapproche après. La vitesse maxima avec laquelle l’étoile s’éloigne ou s’approche de nous, ou plutôt du soleil, est, à ces diverses phases, d’environ 40 kilomètres par seconde. Tout se passe donc, au point de vue spectroscopique, comme si Algol tournait autour d’un astre invisible pour nous. Ainsi a été apportée la démonstration définitive que les variations d’Algol sont dues à la révolution et à l’interposition périodique d’un énorme satellite. Si Algol paraît alternativement se rapprocher et s’éloigner de nous, c’est que, en vertu de la loi de la gravitation, Algol et son satellite tournent, en réalité, l’une et l’autre autour du centre de gravité commun des deux astres, qui est un point situé sur la ligne qui les joint, point qui seul reste fixe par rapport au soleil.

La discussion combinée des résultats donnés par l’étude spectrale des déplacements d’Algol et par sa courbe de lumière a permis, grâce à des méthodes de calcul qu’on devine très simples, — mais sur lesquelles on me saura gré de ne pas insister ici, — de calculer exactement les dimensions du système de cette singulière étoile. D’après les données les plus récentes et les plus sûres, le diamètre d’Algol est, à très peu de chose près, égal à celui du soleil (environ un million et demi de kilomètres) et celui de son satellite est d’environ un dixième plus grand. C’est donc en réalité le satellite obscur qui est ici, par sa dimension, l’astre principal. La distance des deux astres est égale à moins de deux fois leur diamètre, ce qui en fait une étoile double extrêmement serrée. Ajoutons qu’on calcule facilement les masses des deux astres qui sont respectivement environ les quatre neuvièmes et les deux neuvièmes de celle du soleil. On en déduit que ce sont des étoiles beaucoup moins condensées que lui, puisque leur densité moyenne n’est égale qu’à 18 pour 100, quant à Algol, et à 12 pour 100, quant à son satellite, de celle du soleil.

Ce n’est pas tout. L’auteur de ces lignes a pu mesurer il y a une douzaine d’années la température superficielle d’Algol ; il a trouvé que cette température effective est voisine de 13 000 degrés (résultat