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d’une étoile, puisque Herschel croyait le soleil habité et qu’Arago lui-même, pourtant bien près de nous, le croyait habitable.

Pour Maupertuis (1734) les variations d’éclat des étoiles du type d’Algol étaient dues à ce que ces astres ont une forme très différente de la sphère et ressemblent plutôt à des sortes de meules se présentant à nous tantôt par la tranche et tantôt par leur grande surface.

Toutes ces spéculations, pour amusantes qu’elles fussent, finirent par être abandonnées.

C’est seulement à la fin du XIXe siècle, en 1889, que l’on put se faire sur cette question si controversée une opinion fondée, grâce à une belle découverte spectroscopique de l’astronome Vogel.

J’ai, je crois, déjà parlé ici même de cette belle application de la ! spectroscopie qui s’appelle le principe de Dopper-Fizeau, ou des vitesses radiales. Il est nécessaire que nous y revenions, car la découverte faite par Vogel, et ensuite celle de toute une nouvelle classe d’étoiles ont été simplement des applications de ce principe.

Si une locomotive traverse à toute vitesse et en sifflant d’une manière continue, une gare, un observateur placé sur le quai remarquera ceci : tant que la locomotive s’approche de la gare, le son émis par son sifflet (en admettant que celui-ci soit actionné d’une manière constante et sans interruption) a une certaine tonalité, une certaine hauteur, est plus ou moins aigu. A l’instant précis où la locomotive a traversé la gare et s’éloigne maintenant de l’observateur, celui-ci remarque que le son émis par le sifflet est devenu soudain beaucoup plus grave, beaucoup moins aigu et le demeure. La même chose aurait lieu si, au lieu d’une locomotive, il s’agissait d’une auto passant à toute vitesse devant un observateur placé le long de la route. Le son émis par la trompe de l’auto paraîtra à cet observateur et si l’auto va vite, beaucoup moins aigu, beaucoup plus grave lorsque l’auto l’a dépassé et s’éloigne que tandis qu’elle se rapprochait.

Quelle est la cause de ce singulier phénomène ? Elle est facile à comprendre : admettons pour simplifier que le sifflet ou la trompe considérée n’émette qu’une vibration sonore d’une seule espèce. Chacun sait qu’un son est d’autant plus aigu que la longueur de ses ondes acoustiques est plus faible.

Tous les sons parcourent dans l’air environ 330 mètres par seconde. Le la normal correspond à 435 vibrations par seconde, c’est-à-dire que la longueur de chacune de ces ondes vibratoires est égale à 330 mètres divisés par 435, c’est-à-dire à un peu moins d’un mètre. Toute onde sonore plus aiguë a une longueur plus faible,