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REVUE SCIENTIFIQUE

LES PHARES A ÉCLIPSE DE L’INFINI

Quelle est de toutes les étoiles visibles dans le ciel (et qui sont d’ailleurs, quoi qu’on en pense communément et en dépit des comparaisons bibliques, beaucoup moins nombreuses que les grains de sable au bord de la mer), quelle est de tous ces soleils qui palpitent là-haut le plus intéressant pour la science, le plus curieux, le plus connu et le mieux étudié, celui qui manifeste le plus profondément la puissance des méthodes astronomiques modernes ? A cette question, si on me la posait, je répondrais sans hésiter : c’est l’étoile Algol. Algol est le nom arabe (qui signifie le Démon) de la deuxième étoile, par l’importance de son éclat apparent, de la constellation de Persée. Elle porte en conséquence, dans les registres de l’état civil astronomique, le nom de Bêta de Persée, les lettres grecques ayant servi, lorsqu’on définit arbitrairement les constellations, à désigner les principales étoiles de chacune d’elles, dans l’ordre de leur éclat décroissant.

Étant donné que l’étoile principale, l’étoile Alpha de la constellation de Persée, n’est elle-même qu’un astre de deuxième grandeur, il s’ensuit que si Algol, qui est encore moins brillante, présente un si puissant intérêt, ce n’est nullement par son éclat médiocre. Non, ce qui fait de cet astre la plus remarquable de toutes les étoiles, c’est qu’elle est un soleil variable dont l’étude a mis en évidence une foule de phénomènes étranges qu’on n’a jamais trouvés à ce point réunis ou du moins qu’on n’a jamais aussi bien observés sur aucune autre étoile du ciel.

Chacun peut en ce moment découvrir Algol facilement à l’œil nu,