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cherche ses amitiés dans l’Europe occidentale et prépare l’évolution qui finira par l’associer aux autres fractions du groupe yougo-slave. Son admission dans la Société des Nations a été la sanction de sa sagesse et de sa volonté de faire honneur à sa signature. Elle vient de conclure avec la Tchéco-Slovaquie un accord économique qui commence à la faire rentrer dans la grande famille slave. Il se pourrait que, de Sofia à Belgrade, la route la plus courte passât par Prague et Zagreb.

La Grèce, au contraire, ne s’est pas montrée au niveau de la haute fortune qu’elle devait au génie et au caractère élevé du grand homme d’État qu’elle vient de répudier. Les peuples ont le gouvernement qu’ils méritent : la Grèce se réjouit de Constantin. Mais les Alliés, eux, ne peuvent accorder au beau-frère de Guillaume II la confiance qu’ils avaient prodiguée à M. Vénizélos.

Enfin la question de Constantinople, si grosse de périls et de difficultés à venir, n’est pas résolue pratiquement ; elle ne peut l’être pour le moment que par le maintien d’une égalité absolue d’influence entre les grandes Puissances. Là, plus encore qu’ailleurs, un étroit accord franco-britannique peut seul prévenir les pires complications.


IX

Il était naturel que la Grande Guerre qui a résolu l’affranchissement des nationalités, surexcitât jusqu’au paroxysme les passions nationales, et naturel aussi qu’apparût l’utilité bienfaisante d’organismes internationaux ou supranationaux qui seraient destinés à tempérer les excès des égoïsmes locaux et à servir d’arbitres dans leurs conflits. L’idée de Société des Nations est sortie de là. On ne construira l’Europe nouvelle sur des assises solides que si l’on tient compte de ces éléments. Un système continental doit se compléter par une conception du droit des gens et une fixation des règles des relations internationales. Nous sortirions de notre sujet actuel si nous entrions aujourd’hui dans une telle étude ; nous voudrions seulement indiquer quelle aide, dans la conception française d’une Europe organisée, peuvent apporter aux relations nationales les organes supranationaux existants, tels que la Société des Nations, la Papauté, l’entente internationale des grandes organisations