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nécessairement avec le bolchévisme. Ainsi les mêmes hommes qui, par intérêt de caste, ont entraîné l’Allemagne à la guerre et à la catastrophe risquaient encore une fois de la précipiter dans les hasards de nouvelles révolutions, car on ne fait pas au bolchévisme sa part.

L’Allemagne de l’Ouest et du Sud, moins aveuglée par la haine des Polonais, moins troublée dans sa « vision du monde » par des intérêts de caste, plus allemande en un mot que prussienne et plus socialiste que révolutionnaire, discerne et redoute le péril bolchéviste ; elle préfère la civilisation occidentale à la barbarie asiatique et ne sacrifierait pas volontiers, à son animosité à l’égard des vainqueurs de la guerre, les biens les plus précieux des sociétés cultivées. Les Rhénans sont aussi attachés que jamais à la culture germanique, mais subissent toujours à contre-cœur le gouvernement et l’administration des fonctionnaires prussiens ; leur idéal reste au fond de constituer un pays mixte, rattaché au Reich allemand, où viendraient se mesurer dans les travaux de la paix, pour le plus grand profit des populations indigènes, la civilisation française et la civilisation allemande. Les dernières élections ont montré que l’Allemagne du Sud, particulièrement la Bavière, regimbe contre le despotisme centralisateur du gouvernement de Berlin. Un mouvement particulariste, conservateur, monarchiste même, se développe en Bavière sous l’impulsion du « parti populaire » Le Hanovre est et reste particulariste, autonomiste même ; le vieux sentiment historique guelfe y est plus vivant que jamais et des sympathies, qui n’ont rien d’antigermanique, vont à l’Angleterre, — dont la dynastie régnait autrefois sur le pays, — et à son régime de liberté et de sage démocratie.

Ainsi se révèlent, dans toute l’Allemagne, mais particulièrement dans l’Ouest et le Sud, des éléments d’ordre qui cherchent à se grouper et qui comprendront que l’exécution du traité de Versailles est, pour leur pays, la seule voie qui puisse le faire rentrer dans le nombre des nations dont la parole et la signature ont une valeur et qui le conduise vers un avenir de paix et de prospérité. Il n’y a qu’un moyen pour l’Allemagne d’arriver à obtenir, dans l’exécution des articles du traité de paix, certaines atténuations ou facilités, c’est de commencer de bonne grâce à l’exécuter. On peut accorder à la bonne volonté, même partiellement impuissante, ce que l’on doit refuser au