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avec Gambetta : « Si l’intelligent tribun, écrit Mgr Ferrata, devint partisan du maintien du Concordat, et s’il reconnut que la France doit prendre souci de ce que plus tard il appelait sa clientèle catholique dans le monde, c’est, je crois, aux entretiens de Mgr Czacki qu’il faut attribuer, en bonne partie, cet heureux élargissement de ses idées. De même, c’est au cours de l’un de ces entretiens que le Président de la Chambre dit au nonce : « Monseigneur, si j’avais su plus tôt ce que je viens d’apprendre, le gouvernement de la République aurait pu éviter bien de faux pas sur le terrain religieux. » Mgr Czacki causait avec M. Duclerc, ministre des Affaires étrangères ; et plus tard M. Duclerc devait dire : « J’ai perdu dans Mgr Czacki celui qui m’a le plus appris en matière de politique et de religion. »

Mais tandis que le nonce, patiemment, parachevait ainsi l’éducation politique de ses interlocuteurs officiels, une « pluie d’outrages, » par ailleurs, s’abattait sur lui. C’était l’heure où le Saint-Siège, d’accord avec M. de Freycinet, pour sauver les congrégations des périls qui les menaçaient, eut l’idée de faire signer par leurs supérieurs une formule de déclaration, à la fois acceptable pour l’Eglise et rassurante pour l’Etat ; mais une « coupable indiscrétion » compromettait le succès de cette initiative pacifique ; et certains catholiques, « faisant parade d’une ferveur indignée, » n’osant pas encore s’en prendre au Pape, se vengeaient sur Mgr Czacki, qui du moins eut la satisfaction de voir les ordres de femmes échapper à la dispersion. Mgr Ferrata observait : il concluait qu’un nonce, pour mieux servir l’Eglise, doit parfois s’exposer à l’injuste reproche de la desservir.

Rentré à Rome en avril 1883 comme sous-secrétaire de la congrégation des affaires ecclésiastiques extraordinaires, il apparut tout de suite à Léon XIII comme le spécialiste qui devait être consulté, employé, pour l’étude des choses de France : la fameuse lettre où le Pape confiait à M. Grévy ses anxiétés eut pour rédacteur Mgr Ferrata. Et lorsque en 1890 « l’épisode du boulangisme eut paru fournir un double enseignement : d’une part, l’impuissance des monarchistes à renverser le régime républicain ; de l’autre, une tendance, quoique vague encore, du pays, vers les idées de pacification et de justice, » ce fut à Mgr Ferrata que Léon XIII demanda « un rapport sur la situation politico-religieuse de la France. »

Le prélat, dans ce rapport, après avoir recherché » les