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du Saint-Siège trouver naturel, et même très opportun, que M. l’avocat Nazzareno Ferrata nous livre dès maintenant, dans les Mémoires de son frère, tous les dessous d’une histoire religieuse presque contemporaine, on peut conclure qu’au milieu des polémiques soulevées par la prochaine institution d’une nonciature, ces Mémoires doivent être interprétés comme une véritable leçon de choses, susceptible d’éclairer l’opinion publique et de rassurer utilement, de part et d’autre, certaines inquiétudes. Ce qui ajoute à l’ascendant d’une telle leçon, c’est que le cardinal dont elle émane dirigea, durant les derniers mois de sa vie, tout le réseau de la diplomatie vaticane. Et pour sceller, semble-t-il, l’autorité de ces pages, Benoît XV est intervenu, en écrivant à M. l’avocat Ferrata, à la date du 6 janvier 1921, une lettre qui sert de portique aux Mémoires :


Il nous est doux, et consolant de penser que la publication de ces très intéressants Mémoires contribuera à faire mieux connaître les qualités et les mérites du cardinal, son tact, sa rare habileté dans la conduite des affaires, les services qu’il a rendus à l’Église et au Saint-Siège, et aidera à perpétuer le souvenir de ce membre si regretté du Sacré Collège. Nous formons le vœu que votre livre, qui fait ressortir les bienfaits de l’Église dans ses rapports avec les autorités civiles, ainsi que la droiture de ses représentants, soit profitable à tous ceux qui étudient le grave problème des relations entre l’Église et les Étals, et serve de guide et d’exemple aux ecclésiastiques qui sont appelés à la carrière diplomatique.


On remarquera tout ce que ces lignes contiennent de précisions, et tout ce qu’elles ouvrent de perspectives : elles érigent le cardinal Ferrata en une sorte d’auteur classique pour les nonces présents et futurs ; et ses tractations avec les gouvernements contemporains peuvent désormais être assimilées à celles que conduisit jadis, avec les souverainetés de la Sainte-Alliance, le cardinal Consalvi, et qui, grâce aux autres Mémoires de cet autre cardinal, demeurèrent longtemps un modèle pour la diplomatie pontificale.


I

Avant de présider à l’une des vicissitudes les plus critiques qu’ait traversées le catholicisme français, Mgr Ferrata eut le double honneur de rétablir en Suisse la paix confessionnelle et