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m’inspira le désir de peindre ici leur image. Envoyés de Bucarest en Russie pour les soustraire à la perquisition allemande, ils faillirent y rester. Et le manuscrit de la petite Emilie n’échappa que par miracle aux mains qui crochetèrent, en 1917, le vieux meuble de laque où il se trouvait enfermé.

Si je me suis laissée entraîner à parler plus encore de Mme de Pellapra que de sa fille dans ces pages destinées à servir d’introduction aux Mémoires de la princesse de Chimay, c’est qu’Emilie va parler pour elle-même. Et puis la mère et la fille ne devaient pas être séparées. Elles furent comme liées l’une à l’autre, destinées à se servir de compagnes, jusque dans la tombe.

Mme de Chimay, à la suite des désillusions et des tristesses qui l’assaillirent à la fin de sa vie, ne repose pas en Belgique auprès de son mari et de ses fils, mais à Ménars, seule auprès de sa mère, dans une petite chapelle du cimetière champêtre qu’entoure une haie de lauriers.

Napoléon, le 16 avril 1821, avait légué ses os à la France ; ceux de sa fille sont retournés à la terre française, le 22 mai 1871.

Une croix surmonte la double pierre sous laquelle reposent côte à côte la mère et la fille. Je suis allée, un malin, y déposer des branches de saule, pareilles à celles qui jonchèrent le tombeau de Sainte-Hélène.


PRINCESSE BIBESCO.