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Marie-Louise attendue ne vient pas, ne se rallie pas et pour cause : elle va rendre père M. de Neipperg.

« Au moins, à défaut de cette femme, cette étrangère, dit M. Frédéric Masson, d’autres, et peu importe d’où elles venaient, de France, d’Irlande ou de Pologne, ont, aux derniers jours de gloire, durant ce court règne de trois mois, entouré l’Empereur de leur beauté fidèle, réjoui son cœur de leur enthousiasme, et se faisant, par dévouement, même celles qui étaient les moins faites pour la politique, ses espionnes et ses avertisseuses, ont, avec leur instinct plus qu’avec leur raison, fourni des conseils qui eussent mérité d’être suivis. Ainsi George, au sujet de Fouché ; ainsi Mme de Pellapra, qui s’est hâtée de revenir de Lyon, et qui, elle aussi, surprend certaines démarches du duc d’Otrante. »


C’est du bord de la tombe, de cette triste Vallée du Géranium qu’ombrage le saule, où fleurissent les iris funèbres, que le diamant dont j’héritais fut envoyé par l’Empereur à la petite Emilie : il a brillé sous le soleil désolé de Sainte-Hélène ; il a été prélevé, à l’heure des derniers comptes, sur ce peu de richesses qui restaient à Napoléon ; il devait porter à une fille le souvenir d’un père.


Sans doute, fut-ce par intérêt, dans l’espoir de garder sa place de receveur général du Calvados, que M. de Pellapra contraignit sa femme à se rendre au-devant du Duc de Berry, à son arrivée d’Angleterre, comme la petite Emilie nous le rapporte : « Je fus en calèche avec ma mère, au-devant du Duc de Berry arrivant à Caen. »

Mais l’enfant, inconsciemment, se venge et venge l’Empereur absent. Elle voit, dit-elle, « une calèche poudreuse d’où sortait un vilain, gros, lourd et commun personnage dont l’air ignoble et la tournure vulgaire ne cadraient nullement avec mes idées... »

Elle l’appelle : « L’Altesse revenue d’Angleterre à la suite des Russes. »

Elle le retrouve le lendemain, dans les jardins de la Préfecture, tournant à sa mère un compliment sans grâce dont elle fait les frais : « Elle ne sera jamais aussi belle que sa mère, » dit-il, en la regardant. On sent que cela la fâche. Elle déteste le