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comte Alexandre Grabbé. Ces Cosaques, choisis parmi les plus énergiques et les plus robustes, sont affectés aux services de surveillance, de patrouille et d’escorte en dehors du Palais. Ce sont eux que l’on voit jour et nuit galoper, à cinquante mètres l’un de l’autre, dans l’allée forestière qui entoure le parc de Tsarskoié-Sélo.

Vient ensuite le Régiment de Sa Majesté, comptant 4 bataillons, à l’effectif total de 5 000 hommes ; le commandant du régiment est le général Ressine. Recrutés avec un soin sévère dans tous les corps de la Garde, remarquablement tenus en leur uniforme simple, ces fantassins d’élite fournissent les postes aux grilles du Palais et les sentinelles disséminées dans le parc ; ils fournissent également une trentaine de factionnaires dispersés dans les vestibules, dans les couloirs, dans les escaliers, dans les cuisines, dans les offices, dans les caves de la demeure impériale.

Outre ces contingents de cavalerie et d’infanterie, le général Woyéïkow dispose encore d’une troupe spéciale, le Régiment des Chemins de Fer de Sa Majesté, comptant 2 bataillons, à l’effectif total de 1 000 hommes. Ce régiment, commandé par le général Zabel, assure, pendant les voyages des souverains, la conduite des trains impériaux et la surveillance des voies ferrées. Son rôle est alors très important ; car « faire sauter le train du Tsar » est une des idées qui hantent le plus obstinément le cerveau des anarchistes russes. L’un d’eux avait même réussi naguère à se blottir et s’accrocher sous une des voitures avec sa bombe dans la poche.

L’action protectrice de ces forces militaires est complétée par celle de deux organismes administratifs, puissamment outillés, la Police de la Cour impériale et la Sûreté de Sa Majesté l’Empereur.

La Police de la Cour impériale, dirigée par le général de gendarmerie Ghérardi et dont l’effectif est de 250 agents, double, en quelque sorte, les factionnaires apostés aux grilles et dans les bâtiments du Palais ; elle contrôle les entrées et les sorties ; elle inspecte les domestiques, les fournisseurs, les ouvriers, les jardiniers, les visiteurs, etc. ; elle observe et enregistre tout ce qui se passe dans l’entourage des souverains ; elle épie, elle écoute, elle scrute, elle s’infiltre partout. Dans l’exécution de ses consignes, elle déploie un rigorisme inflexible. J’en peux témoigner personnellement. Toutes les fois que j’ai été reçu par l’Empereur à Tsarskoïé-Sélo ou à Péterhof (et, chaque fois,