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mais ils ont presque toujours trouvé commisération et secours auprès des soldats réguliers et des moujiks ; les témoignages abondent. De même, pendant la guerre de Crimée, au moindre armistice, des appels de fraternisation partaient de la tranchée russe.



Jeudi, 24 décembre 1914.

Le général de Laguiche me confirme, de Baranowitchi, les révélations du général Biélaïéw : l’arrêt des opérations russes est motivé, non par l’importance des effectifs allemands, mais par le déficit des munitions d’artillerie et des fusils. Le Grand-Duc Nicolas, désespéré, s’efforce tant qu’il peut de parer à cette grave situation. Déjà, par l’effet d’ordres sévères, quelques milliers de fusils sont devenus disponibles. La fabrication des usines nationales va être intensifiée. Quant aux opérations militaires, elles seront poursuivies dans toute la mesure possible. L’objectif est toujours l’entrée en territoire allemand.



Samedi, 26 décembre 1914.

Au retour du Caucase, l’Empereur s’est arrêté à Moscou. Il y a reçu un accueil des plus chaleureux ; il a pu constater ainsi l’excellent esprit qui anime la population et la société moscovites.

Tous les journaux de la ville ont saisi cette occasion de proclamer que la guerre doit être conduite jusqu’à la défaite du germanisme ; plusieurs ont spécifié très heureusement que, pour atteindre ce résultat, une « flambée d’enthousiasme » ne suffit pas, qu’il y faut encore une volonté opiniâtre, une patience inébranlable et l’acceptation d’immenses sacrifices.

L’Empereur a plusieurs fois répété à son entourage :

— Ici, je me sens vraiment au cœur de mon peuple !... L’air est aussi pur et vivifiant que sur le front.



Dimanche, 27 décembre 1914.

Toutes les personnes qui ont approché l’Empereur à Moscou lui ont parlé de Constantinople et toutes se sont exprimées de même : « L’acquisition des Détroits est un intérêt vital pour l’Empire et qui prime tous les avantages, territoriaux que la