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en la pressant de congédier immédiatement tous les officiers allemands qui servent dans la flotte et l’armée ottomanes.

La démarche n’a d’ailleurs aucune chance d’aboutir ; car des croiseurs turcs viennent de bombarder encore Novorossisk et Théodosia. Ces attaques sans déclaration de guerre, sans avis préalable, cette série de provocations et d’outrages soulèvent jusqu’au paroxysme la colère de tout le peuple russe.



Dimanche, 1er novembre 1914.

La Turquie n’ayant pas voulu se désolidariser des Puissances germaniques, les ambassadeurs de Russie, de France et d’Angleterre ont quitté Constantinople.

A l’Ouest de la Vistule, les armées russes continuent d’avancer victorieusement sur tout le front.



Lundi, 2 novembre 1914.

L’empereur Nicolas adresse un Manifeste à son peuple :

Commandée par des Allemands, la flotte turque a osé traîtreusement attaquer notre côte de la Mer-Noire. Nous avons, avec tous les peuples de la Russie, la confiance inébranlable que l’intervention inconsidérée de la Turquie ne fera qu’accélérer le mouvement fatal pour ce pays et ouvrira à la Russie la voie vers la solution du problème historique que nos aïeux nous ont légué sur les bords de la Mer-Noire.

J’interroge Sazonow sur le sens de cette dernière phrase, qui parait extraite des Livres Sibyllins.

— Nous serons obligés, me répond-il, de faire payer cher à la Turquie son aberration d’aujourd’hui... Il nous faudra prendre, sur le Bosphore, de solides garanties. Quant à Constantinople, je ne souhaite pas, personnellement, que les Turcs en soient chassés. Je me résignerais à leur laisser la vieille cité byzantine, avec un grand potager tout autour. Mais pas plus !



Mardi, 10 novembre 1914.

L’agression des Turcs a retenti jusqu’au fond de la conscience russe.